Tunisie : un rappeur condamné pour injure à la police se rend à la justice
Le rappeur tunisien Ala Yaâcoubi, dit Weld El 15, s’est rendu à la justice, lundi 10 juin. Déjà condamné à deux mois de prison pour un clip jugé offensant pour la police, il espère être relaxé en appel.
L’auteur d’un clip de rap jugé offensant pour la police a décidé de se rendre à la justice tunisienne après trois mois de cavale, a indiqué lundi 10 juin, son comité de soutien. Ala Yaâcoubi, dit « Weld El 15 » est recherché par la police depuis sa condamnation par contumace en mars dernier à deux mois de prison après la diffusion sur YouTube d’un clip intitulé "Boulicia Kleb" (les policiers sont des chiens). Le ministère de l’Intérieur avait jugé que le clip de rap diffusé contenait « des expressions et gestes contraires à la morale, injurieux et menaçants envers les agents de la sécurité et les magistrats. »
Le rappeur a fait appel de son jugement et comparaîtra jeudi 13 juin. Une décision motivée par la relaxe de quatre rappeurs co-accusés dans la même affaire, et acquittés en avril après leur condamnation à deux ans de prison en mars. « Cette relaxe a relativement rétabli sa confiance en la justice tunisienne », indique le communiqué publié par le comité de soutien du rappeur engagé.
Procès test
Le « Comité de soutien aux artistes de l’affaire Weld El 15 » a aussi affirmé son opposition à « l’emprisonnement des artistes pour le contenu de leurs œuvres ». « Charger la justice tunisienne de décrypter un message artistique, interpréter son sens et relever ses infractions serait lui faire assumer une responsabilité ne relevant pas de ses compétences », a estimé le comité, dénonçant « une menace à la liberté d’expression ».
« Weld El 15 » a été inculpé notamment d’« outrage à un fonctionnaire public par paroles ou gestes ou menaces, outrage public à la pudeur et atteinte aux bonnes mœurs. » L’affaire servira de test pour mesurer le respect des libertés d’expression et de création « acquises par la Tunisie post-révolutionnaire », souligne le comité. Des artistes tunisiens dénoncent régulièrement des pressions policières et accusent le gouvernement, dominé par les islamistes d’Ennahdha, de vouloir juguler la liberté d’expression au nom de la morale ou du sacré.
(Avec AFP)
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