Après WikiLeaks, un nouveau scandale affecte le renseignement américain
Jugé pour la divulgation, via WikiLeaks, de télégrammes diplomatiques américains, Bradley Manning a peut-être fait un émule en la personne d’Edward Snowden. Interviewé dimanche par le quotidien britannique « The Guardian », cet informaticien de 29 ans a avoué être l’auteur des fuites sur les programmes de surveillance des communications menés par Washington.
Empêtré dans l’affaire Wikileaks, le procès de Bradley Manning s’étant ouvert la semaine dernière, Washington lutte désormais sur un second front. L’« adversaire » : un ex-technicien de la CIA, ancien employé de la National Security Agency (NSA), qui a divulgué des documents confidentiels, repris par la presse la semaine dernière, au sujet de deux programmes américains de surveillance des communications.
L’un concerne la récolte depuis 2006 des données d’appels téléphoniques aux États-Unis par l’opérateur Verizon, et vraisemblablement d’autres opérateurs. L’autre programme, appelé Prism, vise quant à lui à intercepter les communications d’internautes étrangers, se situant hors du territoire américain, sur neuf grands réseaux sociaux, notamment le géant Facebook.
L’Amérique des "traîtres"
Un couac de plus pour l’administration américaine qui, devant le scandale consécutif à la publication de ces informations par le Washington Post et The Guardian, avait aussitôt ouvert une enquête afin de déterminer l’origine de ces fuites. « J’espère que nous serons à même de retrouver qui a fait cela, parce que cela cause de grands dommages à la sécurité de notre pays », déclarait notamment James Clapper, directeur du renseignement américain, samedi 8 juin, sur ABC News.
Défendant vigoureusement leur légalité et leur utilité dans la lutte antiterroriste, il avait dénoncé des « révélations irresponsables » parues dans la presse, qui évoque quant à elle une volonté d’« intimider les journalistes et leurs sources », selon les mots du journaliste du Guardian, Glenn Greenwald. « Chaque fois (…) que quelqu’un dévoile les méfaits du gouvernement, la tactique consiste à le diaboliser et le présenter comme un traître », a-t-il ajouté.
Destin islandais ?
L’enquête n’aura cependant pas eu à aboutir, Edward Snowden ayant décidé de lui-même de tomber le masque. « Je n’ai aucune intention de me cacher parce que je sais que je n’ai rien fait de mal », explique-t-il dans un entretien accordé au Guardian et publié dimanche 9 juin, aussitôt suivi d’une demande d’extradition des autorités américaines.
« Je n’ai aucune idée de ce que sera mon avenir », déclare-t-il, disant espérer que Hong Kong ne l’extrade pas vers les États-Unis. Il avoue même envisager de demander l’asile à l’Islande, réputée pour soutenir « ceux qui défendent la liberté sur Internet ». Un destin à la Julian Assange qui risque de ne pas faire sourire Washington. La justice américaine tente en effet en ce moment même de clore l’épisode Wikileaks en faisant de Bradley Manning un exemple. Celui-ci encourt la réclusion à perpétuité.
Par Mathieu Olivier (avec agences)
L’interview (en anglais) accordé au Guardian
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