Mali : l’armée lorgne Kidal mais veut laisser « une chance au dialogue »
L’armée malienne a renforcé ses positions à Anefis, petite ville du Nord malien reprise mercredi aux rebelles touaregs du MNLA et située à une centaine de kilomètres au sud de leur bastion de Kidal. Malgré cette pression militaire accrue, le dialogue entre les deux parties, qui doit s’engager vendredi 7 juin à Ouagadougou, n’est pas rompu.
En reprenant mercredi la localité d’Anefis, l’armée malienne a grandement accentué la pression sur les rebelles touaregs du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Elle n’est désormais plus qu’à une centaine de kilomètres de leur bastion de Kidal, dernière grande ville du Mali qui échappe encore au contrôle de Bamako.
Malgré cette accélération de l’agenda militaire, les autorités maliennes et la rébellion se sont toutefois déclarées prêtes au dialogue, qui doit être lancé vendredi à Ouagadougou sous les auspices du Burkina Faso.
« On est en train de renforcer et consolider nos positions à Anefis en attendant des conditions favorables à la poursuite de l’opération » vers la ville de Kidal, a indiqué le porte-parole de l’armée malienne, le lieutenant-colonel Souleymane Maïga. « Depuis hier (mercredi), tout le secteur d’Anefis est sous le contrôle total de l’armée », a confirmé une source militaire régionale, ajoutant : « les soldats maliens entrés à Anefis n’ont pas quitté la zone pour Kidal ».
Appui français
À Paris, le porte-parole de l’état-major des armées française, le colonel Thierry Burkhard, a indiqué qu’un « détachement de liaison » de quinze à vingt militaires français et un « détachement de protection », soit au total une centaine d’hommes, étaient arrivés mercredi soir à Anefis, prenant position à proximité du contingent malien.
De son côté, Mahamadou Djéri Maïga, vice-president du MNLA, a déclaré depuis Ouagadougou que les combattants de son mouvement se trouvaient « dans les périphéries » d’Anefis, « se préparant à une contre-offensive ». « On a quitté la ville pour éviter que l’armée malienne massacre les populations de notre territoire », a-t-il assuré.
Selon un nouveau bilan communiqué jeudi par le porte-parole de l’armée malienne, les combats ont fait « 30 morts » du côté de la rébellion et deux soldats maliens ont été blessés. Ce bilan est contesté par le MNLA : « de notre côté, nous avons un mort, deux blessés et un véhicule détruit, mais l’armée malienne a perdu six véhicules que nous avons explosés avec de nombreux hommes à l’intérieur, il y a plusieurs morts de leur côté », a affirmé Mahamadou Djéri Maïga.
La ville de Kidal, berceau des Touaregs, est contrôlée par le MNLA depuis fin janvier et l’armée malienne a affiché sa volonté de la reconquérir avant le premier tour de la présidentielle prévu dans tout le Mali le 28 juillet.
Le dialogue maintenu
Des arrestations et expulsions de la ville de membres des communautés noires par le MNLA, qualifiées « d’épuration raciale » par le régime de transition à Bamako, ont précipité la décision de l’armée de prendre l’offensive contre la rébellion touarègue dans la région. « Si les exactions continuent, l’armée va devoir continuer sa marche sur Kidal, puis monter sur Tessalit », plus au nord, a mis en garde le lieutenant-colonel Maïga. Mais, a-t-il ajouté, « nous sommes conscients qu’il faut donner des chances au dialogue ».
Dans un communiqué publié mercredi soir, le gouvernement malien a fait part de « sa disponibilité au dialogue pour recouvrer l’unité nationale et l’intégrité du territoire ». Il a assuré que « l’objectif recherché » par l’offensive de son armée dans le Nord-Est était « de ramener la paix et la sécurité sur l’ensemble du territoire national, favoriser le retour de l’administration et le bon déroulement » de la présidentielle « dans un environnement sécurisé et à la date indiquée ».
Le MNLA s’est également dit prêt à participer aux négociations qui doivent débuter vendredi 7 juin à Ouagadougou, sous l’égide de la médiation burkinabè. L’objectif est d’aboutir à un dialogue direct entre Bamako et groupes touaregs en vue d’un compromis sur Kidal. Au moment où « on fait la guerre sur le terrain », « on est disponible aux côtés de la médiation et de la communauté internationale pour discuter des problèmes du territoire de l’Azawad [nord du Mali, NDLR] et trouver une entente avec Bamako », a souligné le vice-président du MNLA.
(Avec AFP)
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