Roller au Sénégal : l’asphalte a de l’avenir

Lorsque l’on chemine sur l’une des grandes artères de la ville de Dakar, il est courant d’y voir défiler des processions de jeunes gens juchés sur des rollers et se frayant un chemin à travers les bouchons. Korka Diallo, 19 ans, est l’un d’entre eux. Champion national de « free style slalom », l’une des disciplines compétitives du roller, il concilie sa passion avec son métier de coiffeur.

Korka, au niveau pour concourir au nniveau international. © DR

Korka, au niveau pour concourir au nniveau international. © DR

Publié le 10 juin 2013 Lecture : 3 minutes.

 Si les premiers "rollermen" ont commencé à écumer le bitume dakarois dès le début des années 80, il a fallu attendre la fin des années 90 et les premiers passages TV à la RTS (Radio télévisée sénégalaise) pour que ce sport gagne en visibilité. Le Sénégal compte aujourd’hui 27 associations consacrées au roller et près de 2 000 pratiquants.

C’est à Golf Sud, dans la banlieue de Dakar, que Korka tient un salon de coiffure. Travailleur plutôt précoce, il gagne ici, depuis trois ans, le revenu grâce auquel il contribue aux dépenses familiales et finance sa passion du roller.

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Korka, coiffeur et moniteur de roller.

© Jean-Baptiste Joire

Comme la plupart de ceux qui pratiquent ce sport à un niveau compétitif, il est membre d’une association. La sienne s’appelle Accro Roller, dont le siège est situé dans le centre-ville de Dakar, et qui est l’un des plus réputés et structurés que compte la capitale sénégalaise. Dans un sous-sol aménagé en skate-parc, ce collectif dispose d’un vaste espace où ses membres peuvent pratiquer les disciplines du slalom et du saut. Quatre fois par semaine, passé 16 h, au terme de sa journée de travail, Korka s’y rend, s’entraîne et partage avec les débutants son savoir en tant que moniteur.

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Parfois, des entreprises locales, souvent dans le secteur des télécoms, font appel aux services d’ Accro Roller et de ses membres, pour des opérations de « street marketing. » Korka enfourche alors sa paire de rollers, parcourt la ville et distribue, une journée durant, un lot de flyers contre rémunération.

En découdre avec le haut niveau

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Mais si Korka continue à enchâsser ses rollers, c’est avant tout parce que c’est un passionné, qui a gagné plusieurs compétitions nationales en freestyle slalom. Mais le Sénégal est désormais trop exigu pour répondre à ses ambitions sportives et c’est vers l’international qu’il se tourne, impatient d’en découdre avec le haut niveau.

Il est très difficile aux Sénégalais de sortir du pays, notamment pour se rendre en Europe.

Car si la pratique du roller est de plus en plus organisée au Sénégal, il reste encore beaucoup d’étapes à franchir. L’absence d’une fédération nationale et des ressources financières limitées ne permettent pas à des champions comme lui de participer aux plus grandes compétitions. Le CNG (Conseil national de gestion), à qui il revient d’organiser la pratique du roller est affilié à la fédération nationale de surf. Pour Korka, ces entités « ne connaissent pas assez bien le roller pour assurer son développement. » Pour preuve, il pointe du doigt l’absence de participation des athlètes sénégalais aux compétitions internationales.

Babacar Ndiaye, président de l’association « Accro Roller » et doyen des rollermen sénégalais, constate : « à cause des visas et du manque de moyens, il est très difficile aux Sénégalais de sortir du pays notamment pour se rendre en Europe. » Au niveau continental, des initiatives existent, comme le WSS (World slalom series) organisé à Dakar en décembre (qui fête cette année sa 6e édition) et qui doit permettre, en principe, à toute la planète roller de se retrouver ici. Mais, là encore, l’absence de moyens se fait sentir.

Korka, quant à lui, se passionne pour l’actualité mondiale du roller, dont il connaît toutes les grandes figures. Il considère qu’il a un niveau suffisant pour y occuper une place, mais reste frustré d’en être réduit au rôle d’observateur. Il est encore jeune et rêve d’une belle carrière…

 

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