Alassane Ouattara : « Il est très vraisemblable que je sois candidat » en 2015
Dans un entretien accordé lundi 3 juin à l’AFP, le président ivoirien, Alassane Ouattara, a confirmé qu’il sera « très vraisemblablement » candidat à sa propre succession en 2015. Il en a également profité pour défendre son bilan de deux ans, notamment en matière de réconciliation nationale et de justice.
Ce n’est pas vraiment une surprise mais les mots sont lâchés. Depuis Yokohama, au Japon, où il participait à une conférence sur le développement de l’Afrique organisée par le Japon (la Ticad), Alassane Ouattara a levé le voile sur ses intentions pour la présidentielle ivoirienne de 2015.
« J’ai trouvé un pays complètement en ruine, effondré, qui avait et a besoin d’être reconstruit, a déclaré le président ivoirien. J’ai indiqué clairement que je ne suis pas sûr de pouvoir finir ce travail dans le temps qui me reste et que vraisemblablement je briguerai un second mandat. Je considère que c’est très vraisemblable que je sois candidat ».
Son âge, 71 ans, ne semble pas être un obstacle dans sa décision finale : « je suis en bonne santé, et je fais de l’exercice tous les matins ! ».
Une réconciliation nationale qui patine
Ancien premier ministre du président Houphouët Boigny, ancien vice-président du Fonds monétaire international (FMI), puis opposant farouche au président Laurent Gbagbo, Alassane Ouattara est finalement arrivé au pouvoir en mai 2011 au terme d’une violente crise postélectorale qui a fait quelque 3 000 morts en Côte d’Ivoire. Son prédécesseur, Laurent Gbagbo, qui s’était accroché au pouvoir jusqu’au bout, est aujourd’hui incarcéré dans une cellule de la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye, aux Pays-Bas, dans l’attente de son procès.
Dès son investiture en mai 2011, Alassane Ouattara avait promis de « rassembler les Ivoiriens ». Pourtant, la réconciliation nationale semble avoir des ratés et patine depuis plusieurs mois. « Je ne suis pas de cet avis », rétorque-t-il. « Il ne faut pas confondre la réconciliation entre les Ivoiriens et les relations entre partis politiques ». « Quand il y a eu des crises aussi fortes, comme en France et en Europe après la Seconde Guerre mondiale, ou aux États-Unis après la guerre de Sécession, combien d’années a-t-il fallu pour une vraie réconciliation ? », plaide-t-il.
Pas de "justice des vainqueurs"
À propos des dernières élections régionales et municipales, en avril dernier, qui ont été marquées par une forte abstention et surtout un boycottage du parti de l’ex-président Laurent Gbagbo, Alassane Ouattara ne s’alarme pas plus que ça. Selon lui, le Front populaire ivoirien (FPI) « n’a pas participé aux dernières élections locales, mais il n’empêche que nous avons des élus du FPI qui se sont présentés en indépendants ». « Nous sommes très déterminés à faire en sorte que la CI soit un pays véritablement démocratique », assure encore le chef de l’État ivoirien.
Interrogé sur la « justice des vainqueurs » dénoncée par certaines ONG ou plus récemment l’ambassadeur américain en poste à Abidjan, Alassane Ouattara répond fermement : « Je récuse ce terme. Nous n’acceptons pas ce cliché de justice des vainqueurs ». « Après la crise (2010-2011), il n’y avait pas de juges, de tribunaux, tout était détruit, et il fallait du temps pour reconstituer les infrastructures. Ensuite il a fallu des enquêtes. On ne peut se mettre à arrêter des gens comme ça, sauf en cas de flagrant délit ».
« Une commission nationale d’enquête a rendu son rapport, qui a été rendu public et est entre les mains des juges. Certaines personnes ont déjà été convoquées, certaines même condamnées. Je peux vous assurer que la justice fait son travail de façon indépendante, sans aucune pression », assure-t-il encore en affirmant vouloir « combattre l’impunité ».
(Avec AFP)
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