Ticad V : 24 milliards d’euros d’aides sur cinq ans pour l’Afrique

Alors que l’ombre de la rivalité avec la Chine a plané sur la 5e Conférence internationale de Tokyo pour le développement de l’Afrique (Ticad V), du 1er au 3 juin, le Japon a annoncé un programme d’investissements pour le continent de 24 milliards d’euros sur 5 ans. Dont 10,8 milliards d’aide publique.

Le Premier ministre japonais Shinzo Abe et le président guinéen Alpha Condé, le 1er juin. © Haby Niakaté/JA

Le Premier ministre japonais Shinzo Abe et le président guinéen Alpha Condé, le 1er juin. © Haby Niakaté/JA

Publié le 3 juin 2013 Lecture : 3 minutes.

La veille, les autorités japonaises n’avaient pas voulu commenter les chiffres qui circulaient dans la presse internationale sur le montant de l’aide qu’apporterait le Japon à l’Afrique dans les années à venir. Et pour cause, elles voulaient marquer un grand coup lors de la première journée de la cinquième conférence internationale de Tokyo pour le développement de l’Afrique (Ticad V), qui s’est déroulée, du 1er au 3 juin, à Yokohama, près de la capitale japonaise.

>> Retrouver notre dossier "Ticad V : quand le Japon accueille l’Afrique"

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Devant un parterre de chefs d’États et de gouvernements africains – une quarantaine, auxquels s’ajoutaient le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, et la présidente de la Commission de l’Union africaine (UA), Nkosazana Dlamini Zuma – le Premier ministre japonais Shinzo Abe a dévoilé un « programme d’assistance » pour l’Afrique s’étalant sur les cinq années à venir.

Le Japon veut rivaliser avec la Chine

Il a annoncé que l’aide (publique et privée) japonaise s’élèvera sur cette période à 24 milliards d’euros, incluant 10,8 milliards d’euros d’aide publique au développement. Ces fonds, serviront principalement à financer les infrastructures, la formation professionnelle, le secteur de la santé et l’agriculture. Dans une avalanche de chiffres, Shinzo Abe a ensuite donné des exemples d’utilisation de ces fonds (formation de 30 000 personnes en gestion des affaires et dans l’industrie, 700 dans l’industrie touristique, 1 000 dans l’agriculture). Annonçant son intention de se rendre « aussitôt que possible » en Afrique, le premier ministre japonais a aussi émis l’hypothèse de l’organisation d’un Ticad VI, en 2018, sur le continent, même si aucun pays n’a encore été choisi.

Le message  est clair : le Japon est plus que jamais déterminé à jouer un rôle important, principalement économique, en Afrique. Et à concurrencer, le grand voisin chinois…  Le premier ministre nippon a même eu recours à l’Histoire pour légitimer l’offensive de son pays : « Dans les années 90, années durant lesquelles la communauté  internationale, dans les circonstances de l’après-guerre froide était en passe d’oublier l’Afrique, le Japon, seul à croire dans le développement de ce continent, à initié la Ticad. »

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Le lapsus d’Alpha Condé

Un aspect qu’a rappelé également dans son discours d’ouverture le Premier ministre éthiopien et président en exercice de l’UA, Hailemariam Desalegn, tout en en soulignant les limites de la coopération africano-japonaise : « Il faut plus d’efforts et centrer la Ticad sur l’efficacité et les résultats, en accord avec le contexte global actuel et les priorités de l’Afrique. » Avant d’ajouter, incisif : « Il est ironique de constater que l’implication du Japon en termes d’investissements sur le continent soit si loin de l’importance qu’elle devrait avoir aujourd’hui. Surtout lorsqu’on l’a compare à celle de nouveaux venus, actuellement très actif en Afrique. » Allusion à peine voilée à une Chine finalement omniprésente dans les esprits des participants comme des commentateurs.

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À tel point que certains, à l’instar d’Alpha Condé, en ont perdu leur latin… Lors de son entretien bilatéral avec le Premier ministre japonais, en marge de la conférence, le président guinéen, a ainsi déclaré dans une présentation succincte de son pays : « La Guinée a d’immenses potentialités minérales. Les entreprises chinoises seraient les bienvenues dans ces secteurs du bauxite, de l’or, du diamant, des terres rares, etc.» Un détail qui – au vu de l’imperturbable visage du premier ministre nippon – n’a peut-être pas été repris par ses traducteurs…

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Par Haby Niakaté, envoyée spéciale à Yokohama 

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