Centrafrique – Sylvain Ndoutingaï : « Je n’ai jamais voulu renverser Bozizé »

Soupçonné d’avoir voulu renverser le régime de François Bozizé, Sylvain Ndoutingaï, 41 ans, avait été limogé de son poste de ministre des Finances en juin 2012. Longtemps numéro deux de Centrafrique, le neveu de l’ancien président centrafricain vit en exil dans la région parisienne et sort aujourd’hui du silence.

Ndoutingaï fut l’homme fort de Bangui avant d’être écarté par son oncle. © Vincent Fournier pour J.A.

Ndoutingaï fut l’homme fort de Bangui avant d’être écarté par son oncle. © Vincent Fournier pour J.A.

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Publié le 4 juin 2013 Lecture : 2 minutes.

Son mutisme avait débuté moins d’un mois après son limogeage-choc, le 1er juin 2012. Ce jour-là, Sylvain Ndoutingaï avait été démis de ses fonctions de ministre d’État, ministre des Finances et du Budget par son oncle, l’ancien président François Bozizé, sans aucune explication officielle. Soupçonné d’avoir ourdi un complot pour s’emparer du pouvoir, rejeté par celui dont il avait pourtant gagné la confiance pendant près de neuf ans, l’ex-homme fort avait alors décidé de quitter la Centrafrique.

C’était le 17 août dernier, à la mi-journée. À bord d’un vol d’Ethiopian Airlines, Ndoutingaï prenait la direction de Douala, pour y subir « un contrôle médical » dans un hôpital de la métropole camerounaise. Trois jours après, c’est à Paris qu’il se rendait. A-t-il ensuite, comme on l’a entendu, séjourné au Maroc ? Faux, répond l’intéressé. Quant au Burkina Faso, il dit ne s’y rendre qu’épisodiquement pour y voir sa famille qui y vit. Pour attester de sa bonne foi, Noudtingaï nous dévoile même les tampons douaniers qui tapissent ses deux passeports (dont un, diplomatique, est toujours valable). 

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Entretien avec Sylvain Ndoutingaï.

C’est donc dans la banlieue parisienne que le natif de Bossangoa (dans l’Ouham, comme François Bozizé), se trouve depuis près de neuf mois. Et qu’il décide aujourd’hui de briser le silence près d’un an après le début de son « exil » et un peu plus de deux mois après la chute de son oncle.

Pourquoi ? D’abord, parce que la situation de son pays est « apocalyptique », et qu’il veut la dénoncer. Ensuite, parce que « beaucoup trop de choses ont été dites » au sujet de son limogeage-choc. Ndoutingaï n’en démord pas : jamais il n’a « pensé organiser un coup de force contre le président Bozizé ». Pas plus, d’ailleurs, au moment de son limogeage, que récement aux côtés de la Séléka, comme on a pu le dire ici où là. « Si j’étais avec eux, je le dirais. Ce n’est pas le cas. » Mais Ndoutingaï reconnaît la responsabilité de son oncle dans la situation actuelle et déplore qu’il soit « longtemps resté l’otage de son entourage ».

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Enfin (et surtout ?), si l’ambitieux colonel – son grade ne lui a jamais été retiré – s’exprime aujourd’hui, c’est qu’à 41 ans, il estime avoir encore une longue carrière politique devant lui. Les récents changements à la tête du pays peuvent-ils, malgré son nom et son ascendance familiale, jouer en sa faveur ?

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Par Vincent Duhem

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