Algérie : après 50 ans à la tête du FFS, Hocine Aït Ahmed tire sa révérence
Hocine Aït Ahmed, président historique du Front des forces socialistes (FFS), a démissionné jeudi 23 mai, lors du 5e congrès du parti qui se tient à Alger. Âgé de 86 ans, cette figure de l’opposition algérienne dirigeait le parti depuis sa création en 1963.
C’était une personnalité incontournable de la vie politique algérienne. Jeudi, Hocine Aït Ahmed, leader historique du FFS, a démissionné de la présidence du parti qu’il dirigeait depuis sa création en 1963.
« Pour tous, il y a un avant, un pendant et un après. C’est vrai que les moments de passage sont parmi les plus difficiles à vivre mais ils sont aussi parmi les plus passionnants à vivre », a écrit Hocine Aït Ahmed dans un message lu à l’assistance par son fils Jugurtha lors du 5e congrès du parti réuni à Alger. « Je me retire de la présidence du parti, j’aurais voulu, j’aurais pu ou dû, ou pas su, le faire plutôt », a-t-il affirmé. « J’en ai souvent discuté avec des camarades et des amis, mais voilà l’histoire se fait pendant que nous apportons notre modeste contribution à son déroulement » a-t-il ajouté.
Dans ce dernier discours en tant que président, Hocine Aït Ahmed a déclaré que « l’ordre brutal du monde, du capitalisme colonial hier et de la globalisation néolibérale aujourd’hui, nous dit une seule et même chose : vous avez le droit d’être des peuples unis dans la soumission au colonialisme ou la dictature mais la démocratie et la liberté vous ne pouvez les vivres que comme des petites coterie, des clans, des ethnies, des sectes et que sais-je encore ».
Au début du congrès, un message vidéo du plus vieil opposant algérien a été diffusé aux congressistes. « Des contraintes de santé m’empêchent » d’y assister, dit-il dans cette vidéo. Hocine Aït Ahmed avait assisté aux quatre précédents congrès. Mardi, un membre de son parti avait annoncé qu’il « revient d’un voyage éprouvant au Maroc pour raison familiale (…) Il en est revenu très fatigué. Son médecin lui a recommandé formellement de ne pas se déplacer dans l’immédiat ».
Seul survivant des "Fils de la Toussaint"
Cet opposant irréductible est le seul survivant des « fils de la Toussaint » qui avaient déclenché la guerre d’indépendance, le 1er novembre 1954. Né le 20 août 1926 à Aïn El-Hammam (ex-Michelet), en Kabylie, Aït Ahmed est élu député de la première Assemblée nationale en 1962, mais s’oppose à Ahmed Ben Bella devenu président. Il crée en 1963 le FFS et des maquis de résistance en Kabylie.
Arrêté en 1964, il est condamné à mort puis gracié. Il s’évade en avril 1966 et s’installe à Lausanne (Suisse), d’où il rentrera à Alger en décembre 1989, après 23 ans d’exil. Les autorités, qui venaient d’autoriser le multipartisme, avaient alors reconnu le FFS.
En juillet 1992, il s’exile à nouveau puis signe en janvier 1995 l’accord de Sant’Egidio (Rome), réclamant au pouvoir des négociations pour mettre fin à la guerre civile. Parmi les signataires figurait le Front islamique du salut (FIS, dissous).
Candidat à la présidentielle en avril 1999, il se retire avec cinq autres candidats pour dénoncer une fraude annoncée, selon eux, en faveur de Abdelaziz Bouteflika. Il vit depuis en Suisse. Le FFS a actuellement 27 députés sur 462 à l’Assemblée nationale.
(Avec AFP)
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