Double attentat au Niger : le retour de Mokhtar Belmokhtar

Deux attentats-suicides contre une caserne de l’armée nigérienne à Agadez et un site d’Areva à Arlit ont fait jeudi 23 mai une vingtaine de morts. D’après plusieurs communiqués jihadistes, ces attaques sanglantes, d’abord revendiquées par le Mujao, ont été « supervisées » par le jihadiste algérien Mokhtar Belmokhtar. Le célèbre chef jihadiste menace même de mener d’autres opérations contre la France et ses alliés.

Le chef jihadiste algérien Mokhtar Belmokhtar. © AFP

Le chef jihadiste algérien Mokhtar Belmokhtar. © AFP

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Publié le 24 mai 2013 Lecture : 2 minutes.

Jeudi matin, aux alentours de 5h30, une voiture bourrée d’explosifs saute devant une caserne militaire d’Agadez. Au même moment, à une centaine de kilomètres plus au nord, à Arlit, un autre véhicule piégé explose sur un site exploité par le groupe nucléaire français Areva.

Le bilan est terrible : une vingtaine de personnes sont tuées, essentiellement de jeunes militaires qui étaient en formation dans la caserne d’Agadez. Il s’agit des premiers attentats-suicides dans l’histoire du Niger, pays sahélien engagé depuis début 2013 au Mali aux côtés de troupes françaises et africaines contre les groupes islamistes armés du nord malien.

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Dès la mi-journée, ces deux attentats-suicides, qui ont frappé le coeur du dispositif sécuritaire nigérien, sont revendiqués par le Mouvement pour le jihad et l’unicité en Afrique de l’ouest (Mujao).

Opération "Abou Zeïd"

Mais à en croire certains responsables jihadistes, cette double attaque terroriste signe surtout le retour au premier plan de Mokhtar Belmokhtar, annoncé mort par plusieurs sources au début du mois de mars.

Dès jeudi soir, cité par le site d’information mauritanien Alakhbar, le porte-parole de son groupe (« Les Signataires par le sang ») affirme en effet que « Le Borgne » a « supervisé lui-même » les attentats contre la caserne d’Agadez et le site d’Areva à Arlit. D’après El-Hassen Ould Khlil, alias « Jouleibib », les combattants qui ont participé à ces attaques venaient « du Mali, du Sahara (occidental, NDLR) et du Soudan ». « Jouleibib » a également indiqué que l’opération, menée conjointement avec le Mujao, avait été baptisée du nom du « martyr Abou Zeid », un des dirigeants d’Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), tué fin février dans les combats au nord du Mali.

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"La saveur de la mort"

Un autre site d’information mauritanien, l’Agence Nouakchott Information (ANI), a également reçu deux communiqués jihadistes revendiquant le double attentat au Niger. Ces deux textes, dont l’un est signé par un responsable du Mujao et l’autre par Mokhtar Belmokhtar en personne, affirment que les deux groupes ont mené conjointement l’opération de jeudi. Un dernier document des « Signataires par le sang », transmis vendredi matin à l’AFP, se montre également très menaçant envers le Niger, la France, et tous les pays africains qui participent à l’intervention militaire aux Mali. « Nous allons leur faire goûter la saveur de la mort », indique le groupe, précisant que « des colonnes de jihadistes et de candidats au martyre se tiennent prêtes et n’attendent qu’un ordre pour foncer sur leurs cibles ».

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D’après une source gouvernementale nigérienne, les kamikazes d’Agadez et Arlit sont venus du sud de la Libye, où Mokhtar Belmokhtar dispose de solides réseaux de soutiens et où il pourrait même être réfugié. En janvier, le chef jihadiste avait revendiqué l’attaque du site gazier de Tiguentourine, en Algérie. Les auteurs de cette prise d’otages meurtrière étaient également venus de Libye.

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Benjamin Roger

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