Droits de l’homme : portrait d’une Afrique très contrastée
Du Mali à l’Afrique du Sud, en passant par la Côte d’Ivoire et la RDC, les droits de l’homme ont souffert sur le continent africain en 2012. Mais au-delà de dégradations liées essentiellement à des crises politiques, l’Afrique a suscité quelques bonnes surprises, comme la tenue d’élections pacifiques au Sénégal ou au Kenya. C’est donc le portrait d’une Afrique très contrastée que l’ONG Amnesty International dresse dans son rapport annuel sur les droits humains, publié le 23 mai.
Qu’on porte son regard sur un pays ou sur un autre, le bilan de l’année 2012 en matière de droits de l’homme paraît très contrasté. Au Mali, le coup d’État du 22 mars 2012, puis l’intervention militaire au nord du pays, ont fait basculer le pays dans une guerre où les exactions sont légion, de la part des groupes islamistes ou encore de l’armée malienne. Si des enquêtes sont en cours, selon le ministère malien de la Défense, la crise dans le pays est une très mauvaise nouvelle en termes de droits humains. Mais ce n’est pas la seule.
En RDC, la reprise des affrontements au Kivu, entre le M23 et les Forces armées du pays (FARDC), a encore aggravé une situation qui, depuis des décennies, ensanglante la région et jette des dizaines de milliers de personnes sur les routes. Plus au sud, les mineurs sud-africains ont payé un lourd tribut pour avoir fait subir au gouvernement les pires grèves depuis la fin de l’apartheid : 36 d’entre eux ont notamment péri sous les balles de la police lors de la répression d’une manifestation à Marikana, en août 2012.
Transitions difficiles
L’Afrique du Sud, si elle autorise le mariage homosexuel, est également, selon Amnesty international, le pays africain qui détient le triste record d’agressions – parfois mortelles – sur les minorités sexuelles. « L’homosexualité se mêle beaucoup au discours sur l’opposition et les homosexuels servent souvent de victimes expiatoires quand la situation politique est bloquée », explique ainsi Danièle Arthur, responsable Afrique chez Amnesty international. « Il y a une violence latente » en Afrique du Sud, ajoute-t-elle. C’est aussi le cas au Cameroun, où les agressions sont moins fréquentes mais plus médiatisées, comme le démontre notamment le cas de Roger Mbédé.
Néanmoins le bilan dressé par Amnesty international dans son rapport annuel dessine une Afrique à la croisée des chemins. En Côte d’Ivoire, si la justice commence à s’appliquer après la crise postélectorale, elle « ne semble s’appliquer qu’aux « forces de l’ancien régime de Gbagbo ». En Tunisie, si le Printemps arabe a libéré la société tunisienne du carcan du régime Ben Ali, la situation en matière de droits de l’homme semble toutefois s’être dégradée. « Les autorités ont restreint la liberté d’expression » et « des informations font état d’actes de torture (…) infligés par des policiers », détaille notamment le rapport.
Une tendance à l’abolition de la peine de mort
D’autres pays africains semblent quant à eux s’être engagés dans la bonne voie, comme le Sénégal et le Kenya qui peuvent se féliciter d’avoir mené leurs élections respectives à bien. Une véritable bouffée d’oxygène qui vient contrebalancer les coups d’état malien et centrafricain. Un système balancier que l’on retrouve d’ailleurs au sujet de la peine de mort.
La Gambie, qui n’avait plus pratiqué d’exécutions depuis trente ans, a appliqué la peine capitale sur neuf condamnés en 2012, dont des citoyens sénégalais. « Mais, sur le long terme, on pense qu’avec la pression générale en Afrique de l’Ouest vers l’abolition de la peine de mort, notamment au Bénin, la Gambie va sans doute revenir vers un moratoire », prédit Danièle Arthur. Une note d’optimisme que l’année 2013 viendra, ou non, confirmer.
Par Mathieu Olivier
En vidéo : Droits de l’homme : l’Afrique entre progrès et reculs
Droits de l’homme : l’Afrique entre zones d… par Jeuneafriquetv
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