Boko Haram : le Cameroun refoule des réfugiés fuyant l’offensive de l’armée nigériane
Au Nigeria, l’offensive de l’armée contre les insurgés de Boko Haram est toujours en cours dans le nord-est du pays. De son côté, craignant l’infiltration de terroristes sur son territoire, le Cameroun a décidé de refouler les réfugiés nigérians qui fuient leur pays.
Les Nigérians qui fuient l’offensive de leur armée contre la secte islamiste de Boko Haram ne peuvent plus passer la frontière pour se réfugier au Cameroun. « L’option prise par le gouvernement est de refouler les Nigérians. Nous avons reçu des instructions dans ce sens mais c’est difficile de les appliquer aveuglément pour des raisons humanitaires », a déclaré sous couvert de l’anonymat un gendarme camerounais basé dans l’arrondissement de Fotokol, dans le nord du Cameroun frontalier du Nigeria.
C’est dans cette région du pays que de nombreux Nigérians sont arrivés la semaine dernière, fuyant l’offensive lancée par l’armée nigériane pour traquer les membres de la secte islamiste Boko Haram. « Beaucoup de Nigérians sont arrivés dans notre village la semaine dernière. Ils ont passé une nuit sur place et le sous-préfet (de Fotokol) est venu nous demander de les faire repartir chez eux », a confirmé le chef du village de Sagmé, frontalier du Nigeria, Moussa Abdoulaye. « Nous avons pris des dispositions pour qu’ils repartent », a-t-il assuré. « Nous ne savons pas qui est qui parmi ces gens. Les Boko Haram peuvent s’infiltrer. Leur existence nous cause trop de problèmes puisque nous sommes à la frontière », a-t-il expliqué.
Mardi, plusieurs centaines de Nigérians se trouvaient encore dans l’arrondissement de Fotokol. La plupart, approchés par un journaliste de l’AFP, affirmaient ne pas vouloir retourner dans leur pays. D’autres ont pris la direction de la grande ville camerounaise de Kousseri ou ont traversé la frontière pour se retrouver du côté du Tchad voisin.
Libération de prisonniers
L’armée nigériane a annoncé lundi avoir repris cinq localités aux islamistes dans l’État de Borno (nord-est) et elle a décidé d’envoyer mille hommes en renfort, au sixième jour de l’offensive contre les insurgés de Boko Haram dans cette région. Toutes ces localités sont situées à proximité de la frontière camerounaise et étaient considérés comme des fiefs du groupe islamiste.
Mardi, le gouvernement nigérian a envoyé des signes d’apaisement à ses adversaires tout en poursuivant ses opérations militaires. Le Nigeria a en effet annoncé la libération d’un certain nombre de suspects incarcérés en lien avec des « activités terroristes », dont la totalité des femmes incarcérées en prison pour ce motif.
Cette mesure d’apaisement intervient alors que l’opération militaire en cours dans trois États du nord-est du pays a déjà fait « plusieurs dizaines » de morts parmi les insurgés, selon l’armée. « Conformément aux directives du président (…), le quartier général des armées va libérer un certain nombre de personnes en détention en lien avec des activités terroristes », a déclaré le porte-parole des armées, le général Chris Olukolade, dans un communiqué, précisant que cela inclurait « toutes les femmes en détention ». « Cette mesure s’inscrit dans la continuation de la position prise par le gouvernement fédéral en réponse aux demandes du comité présidentiel pour le dialogue et la réconciliation », est-il précisé.
Appel du pied au Niger
À Maiduguri, berceau historique de Boko Haram et capitale de l’État de Borno, le couvre feu permanent appliqué depuis trois jours dans douze quartiers a été assoupli mardi, mettant fin à une paralysie totale de la ville et permettant aux habitants de se ravitailler.
Le gouvernement nigérian a par ailleurs demandé au Niger voisin de l’aider dans sa lutte contre le terrorisme. « Comme vous le savez, il y a des opérations en cours au Nigeria dans trois États très préoccupés par le problème de terrorisme, et nous souhaitons avoir le soutien de la République du Niger dans le combat pour venir à bout de ces terroristes », a ainsi déclaré à la télévision nigérienne Nurudeen Mohamed, le ministre nigérian des Affaires étrangères.
Le ministre, qui s’exprimait en français, a fait cette déclaration à l’issue d’un entretien lundi soir avec le président du Niger, Mahamadou Issoufou. Il n’a pas précisé la nature du « soutien » attendu de la part du Niger.
(Avec AFP)
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