Sida : l’Afrique subsaharienne, première victime du virus
30 ans jour pour jour après la découverte du sida, ce virus est toujours l’une des premières causes de mortalité en Afrique. Même si un vaccin n’est toujours pas au point, les chercheurs espèrent éradiquer la maladie.
Le 20 mai 1983, la revue américaine Science publie les résultats d’une étude menée par une équipe de chercheurs français dirigée par le professeur Luc Montagnier. Elle révèle l’existence d’un virus jusqu’ici inconnu et soupçonné d’être responsable du syndrome d’immunodéficience acquise (SIDA). Ce virus a été isolé à partir d’un patient séropositif et baptisé Lav (Lymphadenopathy-Associated Virus) en référence au gonflement des ganglions annonciateur de la maladie. L’année suivante, l’équipe américaine du professeur Robert Gallo confirme le rôle meurtrier de cet agent.
À l’époque, la découverte du virus rend les chercheurs très optimistes quant à l’évolution de la pandémie : traitements et vaccins suivraient rapidement. Mais le cas du sida est beaucoup plus complexe que prévu. Très résistant aux défenses du corps, il s’attaque aux lymphocytes, principaux acteurs du système immunitaire. Ce n’est qu’en 1996 que les traitements de type trithérapies rétrovirales sont produits. C’est une grande évolution car ils permettent de stopper l’évolution de la maladie. Mais ils ne la guérissent toujours pas et le bilan des décès dus au sida continue de progresser.
Être diagnostiqué positif dans les années 1980-1990 est taboue. Les malades sont souvent associés dans l’opinion à l’homosexualité ou à la toxicomanie puisque c’est chez ces groupes que l’on découvre en premier l’expansion du virus. En réalité, il se contracte par voie sexuelle sans distinction d’orientation, par voie sanguine ou par la grossesse.
30 millions de décès
Le nombre de personnes contaminées progressent d’années en années. C’est pourquoi en 2002, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) reconnaît l’épidémie de sida comme une pandémie globale. Au total, trente ans après la découverte du sida, 30 millions de personnes sont décédées. Selon la mission de l’ONU (Onusida), environ 34 millions de personnes sont contaminées aujourd’hui dans le monde et chaque année près de 3 millions de nouveaux cas sont diagnostiqués.
Plus de 90% des enfants contaminés par le VIH en 2011 vivent en Afrique.
Les continents ne sont pas égaux face à la maladie. 25 millions de personnes sur les 34 millions de personnes porteuses du virus vivent en Afrique. L’Afrique subsaharienne est la région la plus touchée. Plus de 90% des enfants contaminés par le VIH en 2011 vivent dans cette zone. Dans certains États – comme au Botswana – plus d’un tiers de la population est contaminée. Au moins une personne sur 10 serait séropositive en Afrique du Sud.
Des taux de contamination extrêmement élevés qui s’expliquent par différents facteurs : le manque d’informations, d’infrastructures, l’absence de médicaments ou des prix trop onéreux, des pratiques traditionnelles à risques…
Bientôt un vaccin ?
Malgré tout, les derniers chiffres permettent l’optimisme. Selon un rapport de l’Onusida, la mortalité due au sida est en forte baisse ces dernières années en Afrique subsaharienne. Le nombre de décès est passé de 1,8 millions en 2005 à 1,2 millions en 2011, soit une chute de près de 30% en six ans. Le nombre de nouvelles infections est lui aussi en chute : – 25% en dix ans. Pour l’Onusida, c’est la preuve que l’Afrique subsaharienne a réussi à juguler l’épidémie.
L’espoir pour enrayer la propagation de cette maladie reste le vaccin. À Marseille, des tests ayant donné des résultats intéressants sur l’animal ont débuté sur l’homme. 48 patients séropositifs volontaires vont recevoir l’injection. Les résultats seront dévoilés en 2015. D’autres faits marquants font régulièrement espérer les chercheurs. Récemment, un bébé a été « guéri » en recevant des antirétroviraux moins de 30 heures après sa naissance. Autre piste suivie : les « contrôleurs naturels ». L’organisme de certains séropositifs réussissent à réguler eux-mêmes le virus sans avoir pris de traitement (- de 1% des cas).
La communauté scientifique ne désespère pas d’éradiquer le sida en dépistant les populations plus tôt et plus vite afin de traiter de manière précoce l’avancée de la maladie. Ils pensent que la rémission persistante au long cours est atteignable dans futur proche.
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