Nigeria : l’armée mène des raids aériens meurtriers contre Boko Haram
L’armée nigériane mène actuellement des frappes aériennes, en appui de ses attaques terrestres, contre les bastions de la secte islamiste Boko Haram dans le nord-est du pays. Des dizaines d’insurgés islamistes auraient été tués.
Depuis trois jours, l’armée nigériane mène une vaste opération contre Boko Haram, dans le nord-est du pays. Employant les grands moyens, elle a notamment engagé son aviation dans la bataille contre les rebelles islamistes.
« Des frappes aériennes ont lieu depuis mercredi et se poursuivent vendredi », a déclaré le brigadier général Chris Olukolade, porte-parole des armées. « Chacun de leur bastion est attaqué », a-t-il ajouté, précisant que, selon lui, « des dizaines d’insurgés ont probablement été tués. »
Selon des habitants, l’armée nigériane a déployé des soldats aux frontières avec le Cameroun pour empêcher les islamistes de s’enfuir. Sur le terrain, plusieurs milliers de soldats ont été déployés dans les États de Borno, Yobe et Adamawa, où l’état d’urgence a été décrété, pour reconquérir des zones tenues par des hommes de Boko Haram.
Cette traque représente un nouveau tournant dans la guerre que mène le gouvernement contre la secte islamiste depuis plusieurs années. Il s’agit en effet de l’opération militaire la plus importante contre Boko Haram depuis 2009. Des soldats avaient alors envahi Maiduguri, la capitale de l’État de Borno et QG du mouvement islamiste. Ils avaient tué plus de 800 personnes, forçant la secte extrémiste à cesser ses activités pendant une année.
Frontières poreuses
Beaucoup de civils s’inquiètent de cette opération militaire en cours, l’armée nigériane ayant été accusée de nombreuses violations des droits de l’homme par le passé.
À Gamburu Ngala, une ville située à la frontière camerounaise, dans le nord de Borno, des habitants ont rapporté vendredi que des troupes lourdement armées et des chars étaient arrivés mercredi pour fermer des postes-frontières jusque là non gardés. Les zones frontalières entre le Nigeria et le Cameroun, le Tchad et le Niger sont très poreuses. Les criminels et les armes y circulent librement d’un pays à l’autre.
Les premières informations concernant la présence de membres de Boko Haram au Cameroun ont été rendues publiques en février, lors de l’enlèvement d’une famille française dans une réserve animalière camerounaise proche de la frontière nigériane. L’enlèvement avait été revendiqué par Boko Haram. Les sept membres de la famille Moulin-Fournier ont finalement été libérés fin avril, après deux mois de détention.
3 600 morts depuis 2009
Les membres de Boko Haram sont réputés pour se fondre dans la population locale, dans les villages comme dans les grandes villes, où ils ont mené des attentats suicide, des fusillades et des attaques à la bombe.
Le groupe islamiste dit se battre pour la création d’un état islamique dans le nord du pays, majoritairement musulman, mais ses revendications ont changé à plusieurs reprises par le passé. Certains pensent que Boko Haram a noué des liens étroits avec des groupes extrémistes étrangers dont Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Pour plusieurs experts, la secte conserve cependant une vocation purement nationale.
Le Nigeria est le premier producteur de pétrole d’Afrique mais la majorité de ses 160 millions d’habitants vit avec moins de deux dollars par jour, ce qui, selon certains, nourrit les frustrations d’une jeunesse qui s’est radicalisée au point de rejoindre les insurgés islamistes. Selon Human Rights Watch, l’insurrection islamiste et sa répression par les forces de sécurité ont fait quelque 3 600 morts depuis 2009.
(Avec AFP)
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