Sénégal : le festival de jazz de Saint-Louis en quête d’un second souffle

La 21e édition du Festival de Jazz de Saint-Louis, au nord du Sénégal, se tient du 15 au 19 mai. Créé en 1993 pour redynamiser l’ancienne capitale de l’AOF, l’événement est aujourd’hui à la recherche d’un nouveau départ.

La mauvaise gestion du festival de jazz de Saint-Louis a entraîné son lent déclin. © DR

La mauvaise gestion du festival de jazz de Saint-Louis a entraîné son lent déclin. © DR

KATIA TOURE_perso

Publié le 17 mai 2013 Lecture : 3 minutes.

La programmation de la 21e édition du Saint-Louis Jazz Festival n’enchante pas les puristes. Avec pour tête d’affiche le pianiste et compositeur congolais Ray Lema, qui ne s’est aventuré que récemment dans le jazz, le festival met à l’honneur la musique traditionnelle africaine et orientale. « Ce n’est plus ce que c’était. C’est dommage que l’on n’ait pas un grand nom du jazz cette année », soupire Djibril, un Dakarois habitué à venir chaque année à Saint-Louis.

Même son de cloche du côté de Samba, journaliste saint-louisien. « Pour la cérémonie d’ouverture, ils ont fait appel au Sénégalais Baaba Maal qui ne fait pas de jazz et pour la clôture, au Tunisien Dhafer Youssef Oussef, un artiste peu connu », juge-t-il. Les grandes figures du jazz ayant participé au festival lors des éditions précédentes sont pourtant nombreuses, entre autres : Archie Shepp, Herbie Hancock, Roy Haynes, Randy Weston, Joe Zawinul, Abdullah Ibrahim, Rhoda Scott, Elvin Jones ou encore Pharoah Sanders.

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Depuis 1993, date de sa toute première édition, l’événement aurait drainé « en moyenne environ 6 000 spectateurs chaque année », assure Alexandre Ismaël Tendeng, chargé de communication. Mais au fil du temps, de nombreuses difficultés se sont accumulées sur l’organisation : mauvaise gestion financière, retrait des bailleurs de fonds, tergiversations sur l’emplacement des concerts entre la Place Faidherbe et le Quai des Arts, ou encore programmation jugée très inégale. Le festival avait pourtant connu un départ tonitruant.

"Succès précoce"

En 1991, le Centre culturel français et le Syndicat d’initiative et de tourisme de la ville, soutenus par quelques hôteliers, décidaient de lancer l’événement afin d’améliorer la visibilité de Saint-Louis et permettre au tourisme de se développer. « Nous avons connu un succès précoce », se souvient l’un de ses initiateurs, Alboury Ndiaye, ancien président de la fédération nationale des offices de tourisme et syndicat d’initiative (FNOTSIS). « Le président Abdou Diouf avait également mis à disposition son avion pour le transport au Sénégal de matériel, des techniciens, des musiciens, des artistes ou encore des journalistes ». Grâce à ce soutien, le budget n’était alors que d’environ 50 millions de francs CFA, contre 230 millions prévus par exemple pour 2013.

En 2009, lors de la 17e édition, un cabinet d’audit extérieur est finalement sollicité pour évaluer la situation financière du festival et établir un rapport aux partenaires, après chaque édition. Mais cela n’empêche pas les nombreuses bisbilles entre les membres de l’Association Saint-Louis Jazz de perdurer. « Le festival est une belle initiative, mais il y a beaucoup trop de tiraillements au niveau de l’organisation », confirme Abdourahmane Keita, manager du groupe sénégalais Takeifa, qui s’est produit pendant les « offs » de 2008 à 2011. « Il faut aussi que les concerts soient ouverts à tout le monde », clame-t-il en pointant du doigt le prix élevé des billets pour les concerts (de 3 000 à 5 000 francs CFA, selon les places).

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Promesses de changement

En 2012, pour la 20e édition du festival, les concerts « In » étaient entièrement gratuits et 215 millions de Francs CFA avaient été débloqués, notamment grâce à l’appui du ministre de la Culture, Youssou Ndour. Seule ombre au tableau : l’absence du saxophoniste Manu Dibango qui avait annulé sa venue à la dernière minute. Cette année, si la gratuité n’a pas été renouvelée pour des logiques « d’autonomisation financière », l’Association Saint-Louis Jazz a vu son équipe entièrement renouvelée. Son nouveau président, le notaire Ibrahima Diop, se veut optimiste.

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« Le festival est sur une nouvelle rampe de lancement, estime-t-il. Les cancaneries sont derrières nous. Le nouveau bureau est installé depuis six mois, nos nouveaux statuts ont été mis en oeuvre. Et le bilan financier sera publié sur Internet, dans la plus grande transparence », assure-t-il. Rendez-vous en 2014 pour voir si les promesses ont été tenues.

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Pour en savoir plus : le programme du 21e Festival de Jazz de Saint-Louis, ici.
 

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