Centrafrique : les enjeux de la tournée régionale de Michel Djotodia

Le président centrafricain de transition, Michel Djotodia, a entamé, mardi 14 mai, sa première visite régionale. Après le Tchad, mardi, il doit se rendre au Gabon et en Guinée équatoriale.

Idriss Déby Itno et Michel Djotodia, le 14 mai 2013 à N’Djamena. © AFP

Idriss Déby Itno et Michel Djotodia, le 14 mai 2013 à N’Djamena. © AFP

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Publié le 15 mai 2013 Lecture : 2 minutes.

Depuis, qu’à la tête de la coalition Séléka, il a renversé le régime de l’ex-président François Bozizé fin mars, c’est la première fois qu’il quitte le territoire centrafricain. Michel Djotodia a entamé, mardi 14 mai, une tournée régionale de quelques jours.

Et c’est chez son voisin tchadien que le président de la transition a débuté sa visite. Accompagné d’une délégation d’une dizaine de personnes (principalement des ministres et des conseillers à la présidence), il a été reçu, mardi, par le chef de l’État Idriss Déby Into. Selon un communiqué de la présidence, Idriss Déby l’a « exhorté à davantage d’efforts pour assurer la sécurité des biens et des personnes et à asseoir l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire (…) et a insisté sur la nécessité de préserver le caractère laïc de l’État centrafricain et la coexistence pacifique entre les communautés ».

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Une nouvelle entrevue entre Djotodia et Déby a eu lieu mercredi matin. Avant cela, l’homme fort de Bangui s’était rendu sur le monument aux morts des soldats tchadiens disparus au Mali pour y déposer une gerbe de fleur.

L’épine Bozizé

Michel Djotodia doit poursuivre sa tournée au Gabon, où il était attendu dans la journée de mercredi, ainsi qu’en Guinée équatoriale, où il se rendra vendredi. En revanche, il ne devrait pas faire escale au Cameroun. « Il y a un accord de principe, mais pas encore de date », explique-t-on dans son entourage. Un contre-temps qui intervient alors que les autorités de transition goûtent peu l’attitude de Yaoundé concernant la présence de l’ex-président François Bozizé. « Il bénéficie de toutes les libertés, est autorisé à organiser des réunions à l’ambassade centrafricaine, donne des conférences de presse », explique un diplomate en poste à Bangui.

Reste que cette première tournée régionale, présentée par les autorités de transition comme une « visite de présentation », est pour Michel Djotodia un moment important. Symboliquement, elle renforce la légitimation du nouveau régime centrafricain, alors que le président de la transition a été officiellement convié au prochain sommet extraordinaire de la Ceeac, en juin à Ndjamena.

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« Le simple fait qu’il accepte de voyager montre que les choses ne vont peut-être pas si mal qu’on ne le dit », précise notre diplomate. À Bangui, les opérations de cantonnements ont débuté mardi. Et la semaine dernière, 200 soldats tchadiens sont arrivés dans le cadre du renforcement des troupes de la Fomac décidé lors du dernier sommet de la Ceeac.

Menaces

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Mais si la situation politique tend à s’améliorer, les exactions des éléments de la Séléka se poursuivent. Avant d’être totalement désarmés et cantonnés, les ex-combattants rebelles exigent que leur effort de guerre soit rétribué financièrement. « Il est prématuré d’évoquer la question de désarmement. Il faut que le chef de l’État nous verse d’abord nos indemnités avant de nous désarmer et cantonner. S’il n’y a pas un terrain d’entente entre nous, les armes peuvent crépiter et c’est la population civile qui fera les frais », a menacé le lieutenant Ali Alkanto.

Et notre diplomate de poursuivre : « Djotodia est sous pression. Il a compris que s’il ne rétabli pas l’ordre, il n’obtiendra aucun crédit ».

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Par Vincent Duhem

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