France – Côte d’Ivoire : Guéant et l’affaire du tableau offert par Ouattara

Claude Guéant, l’ex-ministre français de l’Intérieur et bras droit de Nicolas Sarkozy, a conservé une œuvre offerte en 2011 par le président ivoirien Alassane Ouattara lors d’une visite officielle à Abidjan. Une pratique interdite par une circulaire gouvernementale datant de mai 2007.

Claude Guéant et Alassane Ouattara, lors d’une visite officielle à Abidjan, le 6 novembre 2011. © SIA KAMBOU / AFP

Claude Guéant et Alassane Ouattara, lors d’une visite officielle à Abidjan, le 6 novembre 2011. © SIA KAMBOU / AFP

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Publié le 14 mai 2013 Lecture : 2 minutes.

Mis à jour le 14/05/13 à 8h44

Abidjan, novembre 2011. Le président ivoirien Alassane Ouattara reçoit son ami Claude Guéant, alors ministre français de l’Intérieur. À l’occasion de cette visite officielle de deux jours, Guéant offre 34 véhicules de police aux couleurs françaises, du matériel de maintien de l’ordre, des tenues de travail ainsi que du matériel technique et informatique à la police nationale ivoirienne. Le ministre français est reçu successivement par le président Alassane Ouattara (qui l’a fait commandeur de l’Ordre national de Côte d’Ivoire), par le Premier ministre Guillaume Soro et enfin par son homologue Hamed Bakayoko.

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Guéant reçoit également des mains du président Ouattara (l’instant est immortalisé par une photo de l’AFP) une toile réalisée par le peintre ivoirien, James Hourra, rappelle Le Nouveau Courrier. Cette œuvre qui représente un couple africain trône aujourd’hui dans les locaux du cabinet d’avocats que celui qui a également été secrétaire général de la présidence française a fondé après son échec aux législatives de juin 2012.

Patrimoine

Or, selon une circulaire signée, le 18 mai 2007 par le Premier ministre de l’époque, François Fillon, « les cadeaux offerts aux membres du gouvernement ou à leur conjoint, dans le cadre de l’exercice des fonctions gouvernementales, notamment à l’occasion des visites effectuées à l’étranger ou de la réception en France de personnalités étrangères, (…) s’adressent, au-delà de la personne du récipiendaire (…). Ils n’entrent pas dans le patrimoine personnel du ministre ou de sa famille ».

Ainsi, les cadeaux reçus par les ministres dans le cadre de leurs fonctions gouvernementales doivent être remis au service du mobilier national, une fois l’intéressé sorti de ses fonctions. Soit, dans le cas de Claude Guéant, dès le 10 mai 2012…

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La circulaire précise que « chaque ministre concerné » par un cadeau, « offert à lui-même ou à son, conjoint » doit le faire enregistrer par le service du mobilier national, en replissant une fiche technique  assez détaillée établie par le ministère de la Culture. Au sein de chaque ministère, c’est le bureau du fonctionnement de l’administration centrale qui est chargé de cette tâche.

Mais, contacté par Jeune Afrique, le service du mobilier national assure « n’avoir été saisi d’aucune demande émanant du ministère de l’Intérieur concernant cette affaire ». Interrogé par Le Lab d’Europe 1, Claude Guéant s’est défendu en affirmant que « la lecture faite sur Internet de cette circulaire n’est pas exacte ». « C’est oublier le critère de valeur, explique l’ancien ministre de l’intérieur. Or ce tableau n’a pas de valeur marchande mais il a une valeur affective bien réélle.»

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Contacté par France Info, l’auteur du tableau, le peintre ivoirien James Houra a, lui, indiqué que ses toiles valaient entre 2 500 et 25 000 euros.

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Par Vincent Duhem

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