Tunisie : des jihadistes « venus du Mali »

Lors d’une audition à l’Assemblée nationale constituante (ANC), mercredi 8 mai, le ministre tunisien de l’Intérieur, Lofti Ben Jeddou, a assuré que les jihadistes traqués au Kef et sur le mont Chaambi venaient du Mali. Mais il a confirmé qu’il s’agissait de Tunisiens et d’Algériens.

Le ministre de l’Intérieur, Lotfi Ben Jeddou, le 13 mars 2013 à Tunis. © Fethi Belaid/AFP

Le ministre de l’Intérieur, Lotfi Ben Jeddou, le 13 mars 2013 à Tunis. © Fethi Belaid/AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 9 mai 2013 Lecture : 2 minutes.

Selon les autorités tunisiennes, les jihadistes que l’armée traque depuis plus d’une semaine dans le Kef et autour du mont Chaambi « sont venus du Mali », selon le ministre de l’Intérieur, Lotfi Ben Jeddou, qui s’exprimait devant l’Assemblée nationale constituante (ANC). « J’aurais aimé que l’audition soit à huis clos pour pouvoir en dire davantage », a-t-il ajouté.

Selon le ministre, les « terroristes » recherchés sur le mont Chaambi sont une vingtaine, « une moitié de Tunisiens et une moitié d’Algériens », tandis que le second groupe du Kef compte quant à lui une dizaine de militants armés. Alors que 16 militaires et gendarmes ont été blessés depuis fin avril par des mines artisanales, Ben Jeddou a annoncé l’arrestation ces trois derniers jours de deux complices présumés des jihadistes, en plus des 37 suspects interpellés dans la région depuis décembre.

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Pas de détecteurs de mines

L’armée a utilisé des obus de mortier pour tenter de déminer la montagne et l’a encerclée, mais elle n’a jusqu’à présent pas combattu directement son adversaire dans cette vaste zone escarpée et boisée. Lors de son audition, le ministre de la Défense, Rachid Sabbagh, a reconnu ne pas disposer des équipements pour détecter les mines.

« Les opérations de déminage n’ont pas donné de grands résultats (…). Il va falloir former des chiens » pour détecter ces engins composés d’engrais, de plastique et de glycérine, a-t-il dit. « Les forces armées resteront sur place jusqu’à l’éradication » des jihadistes, a-t-il ajouté.

De son côté, le Premier ministre Ali Larayedh s’est voulu rassurant. « L’instauration de la sécurité dans le pays progresse », a-t-il assuré. « Nous allons poursuivre notre confrontation avec les groupes violents et terroristes (…), démanteler leurs structures et les traduire en justice », a ajouté l’ancien ministre de l’Intérieur, cadre d’Ennahdha.

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Laxisme

Mais de nombreux opposants estiment que Larayedh a fait preuve de laxisme vis-à-vis des mouvements salafistes qui ont permis à al-qaïda de s’implanter en Tunisie. « On va arriver à une guerre civile ! », lui a lancé Hichem Hosni, un élu indépendant. Un autre député, Samir Bettaïeb, dénonçait l’incapacité des autorités à reprendre les mosquées passées sous la coupe de salafistes.

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« Il y a une absence de politique pour contrôler les mosquées (…), les terroristes de Chaambi peuvent s’y réfugier », a-t-il dénoncé, avant de réclamer le déploiement de l’armée sur les frontières avec l’Algérie et la Libye, où le trafic d’armes est en plein essor.

Le gouvernement a longtemps fait preuve de déni face au péril jihadiste, considérant les actions terroristes comme des incidents isolés, tels l’attaque contre l’ambassade américaine en septembre 2012 et l’assassinat d’un opposant anti-islamiste en février.

(Avec AFP)

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