Mali : à Kidal, les rebelles touaregs rejettent la nomination du nouveau gouverneur
Alors qu’aucun processus de dialogue n’est encore enclenché dans le nord du Mali, un nouveau gouverneur a été nommé à Kidal. Mais les rebelles touaregs du MNLA et du MIA rejettent cette décision et mettent en garde Bamako contre l’envoi de soldats maliens.
Le 2 mai, le colonel Adama Kamissoko a été nommé gouverneur de la région de Kidal. Ancien préfet de Nioro du Sahel (frontière avec la Mauritanie), et de Menaka (frontière avec le Niger), il avait ensuite été affecté au ministère de l’Action humanitaire en tant que haut fonctionnaire de la Défense.
Pour son nouveau poste, cet officier supérieur de l’armée de l’air, originaire du sud du Mali, la soixantaine passée, veut bénéficier du soutien de tous. « Je dois prendre mes fonctions cette semaine, et proposer un programme. L’objectif c’est d’aboutir au dialogue inclusif avec tous les Maliens afin de ramener la paix », confie-t-il à Jeune Afrique.
Expérience
Pour certains leaders touaregs à Bamako, cette nouvelle est salutaire. « Je ne peux que saluer la nomination d’un homme qui connaît le terrain. La tâche qui l’attend est immense, Kidal est une région compliquée, mais Kamissoko est un homme d’expérience », dit Zeidane Ag Sidalamine, ancien de la rébellion de 1991 et conseiller spécial à la présidence. Un avis que de nombreux Touaregs non rebelles partagent.
La nomination du gouverneur de Kidal n’est cependant que la partie visible de l’architecture administrative que construit actuellement Bamako à Kidal. Depuis plusieurs semaines, le bataillon de l’armée malienne qui doit occuper la ville est stationné à Gao, à quelque 300 km plus au sud, prêt à mettre le cap sur l’Adrar des Ifoghas. Mais pour les rebelles touaregs, l’heure de nommer un gouverneur n’a pas sonné, encore moins celle de ramener l’armée.
« Kidal n’a pas besoin d’un gouverneur pour le moment, la région à mille autres problèmes à régler d’abord. Il faut une grande réforme administrative pour cette zone. Les choses ne peuvent plus être les mêmes qu’avant », assure à Kidal Alghabass Ag Intalla, chef du Mouvement islamique de l’Azawad (MIA), une dissidence du groupe Ansar Eddine d’Iyad Ag Ghali.
Menace
Même son de cloche chez le Mouvement national de Libération de l’Azawad (MNLA), l’autre mouvement séparatiste. « Nous n’accepterons pas de gouverneur qui n’est pas choisi par les Azawadis eux même. Il faut déclencher le processus de négociation pour savoir quel statut juridique donner à l’Azawad et c’est après qu’il faudra faire des nominations en tenant en compte de la nouvelle donne », explique un membre du MNLA à Ouagadougou, Ibrahim Ag Mohamed Assaleh.
Une chose est sûre, les rebelles touaregs sont plus que jamais déterminés à s’opposer au retour de l’armée malienne à Kidal avant l’ouverture du dialogue. « S’ils [les responsables de Bamako, NDLR] pensent que c’est Al-Qaïda qui a chassé l’armée de Kidal, ils peuvent tenter de revenir, ils nous trouverons devant eux », menace Ag Intalla.
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Par Baba Ahmed, à Bamako
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