Afrique du Sud : un mariage hindou vire au scandale politique

L’atterrissage d’un jet privé, le 30 avril, à la base militaire de Waterkloof fait scandale en Afrique du Sud. Car les quelque 200 passagers qu’il contenait étaient des invités au mariage d’une fille de la richissime famille Gupta, d’origine indienne et très proche du président Jacob Zuma.

Un nouveau scandale à gérer pour Jacob Zuma. © DR

Un nouveau scandale à gérer pour Jacob Zuma. © DR

Publié le 3 mai 2013 Lecture : 2 minutes.

L’affaire commence à faire grand bruit en Afrique du Sud. Comment un jet privé avec près de deux cent personnes à bord, venues assister à un mariage entre particuliers, a pu atterrir, le 30 avril, à Waterkloof (Pretoria), la principale base de la force aérienne sud-africaine ? Sans "aucune permission", s’empresse de préciser Siphiliwe Dlamini, le porte-parole de l’armée.

Dès l’atterrissage pourtant, les convives ont été escortés par la police sud-africaine de l’aéroport jusqu’au complexe touristique de Sud City, dans le nord-ouest du pays, où un couple hindou les attendait pour célébrer le « mariage de l’année ». Trois jours de festivités, du 30 avril au 2 mai, pour fêter l’union, suivant la tradition hindoue, entre Vega Gupta, 23 ans, fille héritière de l’une des plus riches familles sud-africaines, d’origine indienne, et son fiancé, Aakash Jahajgarhia, 24 ans, diplômé à une université de Londres.

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Réputée très proche Jacob Zuma – deux fils du président sud-africain ont travaillé comme directeurs dans les entreprises de Gupta – et grand sponsor de l’ANC avec son journal New Age très favorable au parti au pouvoir, la famille indienne a-t-elle usé de son influence pour faire atterrir les invités du mariage directement sur une base militaire ? « L’autorisation […] a été obtenue au préalable auprès de la SANDF [l’armée sud-africaine, NDRL] », affirme Gary Naidoo, le porte-parole de la famille, dans un communiqué à l’attention des médias locaux, qui précise que l’avion transportait des ministres étrangers et d’autres dignitaires du pouvoir indien.

Une annonce qui est encore loin de calmer les esprits des Sud-Africains, qui sont de plus en plus nombreux à exiger des explications à leur gouvernement sur les réseaux sociaux. Autour du hashtag #guptagate, du nom de la famille par laquelle le « scandale » est arrivé, les twittos continuent d’interpeller les dirigeants du pays, à l’instar de Ricardo Francisco qui demande au pouvoir de faire « quelque chose » au sujet de cette affaire.

 

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Même son de cloche du côté de l’ANC et de ses alliés qui s’insurgent unanimement contre l’utilisation abusive d’un « site stratégique dont l’accès est strictement limité à des usages gouvernementaux et militaires » et exigent l’ouverture d’une enquête. Car « c’est une insulte absolue au peuple d’Afrique du Sud que des particuliers puissent utiliser un équipement public pour leurs activités sociales et que des agents de l’État les escortent », indique un communiqué de la Confédération syndicale Cosatu, proche de l’ANC, dans un communiqué.

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Sommé de réagir, le gouvernement sud-africain a suspendu, dans la foulée, Bruce Koloane, le chef du protocole au ministère des Affaires étrangères. Cinq autres membres de l’administration et du personnel de l’armée ont également été suspendus, le 3 mai, en attendant l’ouverture d’une enquête chargée de faire toute la lumière autour de Guptagate. Pas évident que la nuit des noces des jeunes mariés se déroule comme prévu.

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Par Trésor Kibangula

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