Armée française : quelle stratégie pour l’Afrique dans les prochaines années ?
Le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale 2013 a été publié, lundi 29 avril, par les autorités françaises. Ce document, le quatrième du genre depuis 1972, fixe les grandes orientations de la politique française de défense. Et dévoile plusieurs éléments intéressants sur la future stratégie militaire de la France en Afrique.
Au fil des 160 pages du Livre blanc sur la défense 2013, le continent africain est évoqué à maintes reprises. Le Maghreb, le Sahel, l’Afrique subsaharienne ou encore la Corne de l’Afrique y sont régulièrement qualifiées de « zones d’intérêts prioritaires » pour la France. Les responsables français se montrent très vigilants sur la sécurisation de ces régions, dans lesquelles ils ont de nombreux intérêts humains, économiques et financiers. D’après le document, l’implication de la France est d’autant plus nécessaire que « l’allié américain » s’estime moins concerné de manière directeme en Afrique.
Les accords de partenariat de défense passés avec huit pays africains (Cameroun, Centrafrique, Comores, Côte d’Ivoire, Djibouti, Gabon, Sénégal, Togo), qui permettent aux forces armées françaises d’avoir des « facilités d’anticipation et de réaction » seront maintenus. Ils devraient toutefois évoluer, « afin de disposer de capacités réactives et flexibles, à même de s’adapter aux réalités et besoins du continent ». La France souhaite par ailleurs renforcer son dialogue avec le Nigeria et l’Afrique du sud, deux poids lourds dont les capacités économiques et militaires en font des pièces maîtresses du dispositif opérationnel de l’Union africaine (UA).
Renseignement et forces spéciales
La guerre asymétrique dans laquelle la France est engagée au Mali, contre des ennemis très mobiles et non-étatiques, a visiblement influencé les auteurs du rapport. La menace terroriste accrue contre la France implique un renforcement des capacités humaines et techniques de ses services de renseignement. Parmi leurs recommandations : développement de l’imagerie spatiale et hausse des moyens de surveillance aérienne, à l’aide de drones et d’avions légers d’observation. Ces techniques, que les Américains maîtrisent parfaitement, permettraient d’avoir une meilleure vision de vastes territoires hors-de-contrôle comme certaines régions du Sahara et du Sahel.
Le Livre blanc suggère aussi de renforcer les effectifs des forces spéciales, qui se sont « imposées comme une capacité de premier plan dans toutes les opérations récentes ». Selon le texte, elles sont particulièrement adaptées « aux besoins accrus de réaction dans l’urgence », comme ce fut par exemple le cas le 11 janvier dernier lors de l’offensive de groupes islamistes armés vers le sud du Mali. Enfin, le document met également l’accent sur la nécessité de développer les moyens de cyberdéfense contre une potentielle attaque informatique de grande ampleur. Car la guerre sera, comme l’information et le renseignement, de plus en plus numérique.
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Benjamin Roger
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