Vital Kamerhe : « En RDC, la Ceni devrait être composée d’experts indépendants »

Au lendemain de la promulgation de la loi réformant la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) en RDC, des voix se lèvent pour critiquer la restructuration de l’organe chargé d’organiser les prochains scrutins provinciaux et sénatoriaux dans le pays. Vital Kamerhe, le leader de l’Union pour la nation congolaise (UNC) et ancien président de l’Assemblée nationale congolaise, livre à Jeune Afrique son regard sur ces évolutions. Interview.

Vital Kamerhe ne reconnaît qu’un seul point positif à la réforme de la Ceni. © Beaudoin Mouanda/JA

Vital Kamerhe ne reconnaît qu’un seul point positif à la réforme de la Ceni. © Beaudoin Mouanda/JA

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Publié le 29 avril 2013 Lecture : 3 minutes.

La réélection de Joseph Kabila en 2011 a été entachée de « graves irrégularités », relevées à la fois par les observateurs internationaux et nationaux. Une réforme de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) était alors recommandée pour essayer de crédibiliser les scrutins à venir, notamment les sénatoriales, les provinciales et les municipales. La loi promulguée le 27 avril veut répondre à cet objectif.

Désormais, l’organe électoral de RDC est doté, outre son bureau, d’une assemblée plénière, chargée de « conception, d’orientation et de contrôle ». Elle regroupera 13 membres dont six proviendront de la majorité présidentielle, quatre de l’opposition et trois de la société civile, de laquelle sera également issu le président de la commission. Une architecture « déséquilibrée » qui risque encore de provoquer des « casses » lors des prochaines échéances électorales, prévient Vital Kamerhe, le chef de l’Union pour la nation congolaise, dans une interview accordée à Jeune Afrique.

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Jeune Afrique : Que vous inspire la réforme de la Ceni, promulguée le 27 avril par le président Joseph Kabila ?

Vital Kamerhe : Il n’y a pas eu d’innovation. Nous n’avons pas tiré les leçons du passé. Le pays a organisé des élections en 2006 et, à l’époque, nous avons eu le bénéfice de l’apprentissage de la démocratie. Mais quand on observe ce qui s’est passé en 2011, on remarque qu’il y a eu un déclin. Non seulement, la Ceni présentait une composition déséquilibrée mais à sa tête, le pouvoir avait placé un conseiller spirituel du président de la république, membre fondateur de son parti, le PPRD [Parti du peuple pour la reconstruction et le développement, NDRL]. Et malheureusement, la réforme qui vient d’être faite ne s’inscrit pas dans le sens de l’amélioration de la situation. La Ceni doit être une commission neutre pour garantir son indépendance.

Qu’entendez-vous par une "commission neutre" ?

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En RDC, est-il possible de trouver ces "experts indépendants", sans obédience politique ?

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Et la restructuration de la Ceni en elle-même : 13 membres dont six issus de la majorité, quatre de l’opposition et trois de la société civile. Est-ce une garantie pour des élections apaisées dans l’avenir ?

Au-delà de tous les griefs que vous avez contre la réforme de la Ceni, existerait-il quelques points positifs dans la nouvelle loi ?

Quatre places sont réservées à l’opposition dans la nouvelle Ceni. Sachant que vous avez eu beaucoup de mal en 2011 à désigner un candidat commun pour le scrutin présidentiel à un tour contre Joseph Kabila, pensez-vous qu’aujourd’hui vous seriez en mesure de choisir facilement vos représentants dans l’organe électoral ?

L’opposition extraparlementaire sera-t-elle également représentée ?

Absolument. Au niveau de la plénière, il y aura de la place pour tout le monde. Nous ferons en sorte que ce soit le rassemblement de la grande famille de l’opposition. On ne va pas à la Ceni pour s’enrichir mais pour travailler. Si l’opposition s’entredéchire à cause des postes au niveau de la Ceni, plutôt que de privilégier la compétence, nous aurons commis les mêmes péchés que nous sommes en train de reprocher à la majorité au pouvoir.

Le calendrier pour les élections provinciales et sénatoriales sera publié dans les 45 jours par le prochain bureau de la Ceni. Pensez-vous que ces scrutins, plusieurs fois reportés, auront enfin lieu en 2013 ?

Joseph Kabila arrive en fin de mandat en 2016. Des rumeurs sur une éventuelle modification de la Constitution circulent déjà pour lui permettre de se représenter à sa propre succession…

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Propos recueillis par Trésor Kibangula

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