Guinée : un jeune de 16 ans tué par balle dans une manifestation de l’opposition

Jeudi 25 avril, une manifestation de l’opposition guinéenne contre les conditions d’organisation des législatives prévues le 30 juin a dégénéré à Conakry. Un jeune de 16 ans a été tué et une dizaine de manifestants blessés.

Les deux camps se renvoient la responsabilité des affrontements à Conakry, le 25 avril. © Haby Niakaté / J.A.

Les deux camps se renvoient la responsabilité des affrontements à Conakry, le 25 avril. © Haby Niakaté / J.A.

Publié le 26 avril 2013 Lecture : 3 minutes.

Un jeune de 16 ans, Boubacar Diallo, a été tué par balle, jeudi 25 avril, alors qu’il participait à Conakry à une manifestation de l’opposition réclamant la tenue d’élections législatives « libres et transparentes ». « Il est mort sur le coup alors qu’il se trouvait devant son domicile au moment où les forces de l’ordre pourchassaient des manifestants qui revenaient d’un meeting des chefs de l’opposition », a témoigné une source hospitalière.

Selon celle-ci, « la répression a fait encore cinq blessés par balle qui ont reçu des soins dans divers centres de santé et cliniques de la ville ». On compterait au total une dizaine de blessés. Le chef de l’opposition, Cellou Dalein Diallo, s’est rendu à la morgue de l’hôpital Donka, où a été transporté le corps du jeune homme tué. « Voilà une preuve de la barbarie des forces de l’ordre qui pourchassent les militants de l’opposition jusque dans leur famille pour les tuer », a affirmé l’opposant.

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Pourtant, la manifestation avait commencé de manière pacifique, peu après 11h, se déroulant dans une ambiance assez festive, avec de la musique, des danses, etc… Puis la tension est montée progressivement, les opposants allant rameuter les voisins. En deux heures, les rues du quartier Hamdallaye de Conakry se sont remplies de milliers de manifestants, avec de nombreux jeunes, et de très jeunes…

Aux jets de pierres ont répondu les tirs de gaz lacrymogène, voire les tirs à balles réelles.

© Haby Niakaté / J.A.

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Basculement

Mais vers 13h, subitement, tout a changé lorsque les manifestants se sont approchés du siège du parti du Rassemblement pour la Guinée (RPG, au pouvoir), où de nombreux gendarmes et membres de la Force républicaine étaient postés. Après des provocations de part et d’autre, souvent de la part des jeunes, les jets de pierre et les gaz lacrymogène ont fusé. Puis, à chaque grand carrefour présent sur l’itinéraire, le même scénario s’est joué.

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Dans un communiqué publié peu auparavant en fin d’après-midi, le porte-parole du gouvernement, Damantang Albert Camara, avait fait état « de quatre blessés, deux parmi les manifestants et deux au sein des forces de l’ordre. (…) Le gouvernement regrette et condamne fermement la tournure que la manifestation, annoncée pacifique et autorisée par l’Administration, a prise à Conakry, basculant dans une violence que personne n’aurait souhaitée », ajoutait le texte.

Exprimant « sa solidarité, sa profonde et vive compassion » aux victimes, le gouvernement « lance de nouveau un appel au calme et à la sérénité et invite les responsables politiques et les militants des différents partis à la retenue et au sens de la responsabilité ».

La plupart des manifestants n’étaient pas venus en découdre avec les force de l’ordre.

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Consensus

Une manifestation similaire organisée il y a une semaine avait déjà dégénéré en violences qui avaient fait au moins 25 blessés. « Nous voulons des élections libres et transparentes, nous voulons que la Guinée soit un pays véritablement démocratique où il fait bon vivre », avait déclaré lors de la marche l’ex-Premier ministre Sidya Touré, présent avec d’autres opposants, dont Cellou Dalein Diallo et Lansana Kouyaté.

Les élections législatives, fixées au 30 juin, sont attendues depuis 2011. Faute de consensus avec l’opposition sur l’organisation d’un scrutin « libre et transparent » (l’opérateur Waymark étant notamment contesté), elles ont été maintes fois repoussées. Mercredi, le gouvernement, les partis qui le soutiennent et l’opposition avaient appelé « à la retenue » lors des manifestations de rue.

(Avec AFP)

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