Mali – Moussa Mara : « Je n’ai pas l’habitude de faire de la figuration »
Le maire de la commune IV de Bamako, Moussa Mara, reste candidat à la présidentielle prévue au mois de juillet. Le leader du parti Yelema compte incarner le renouveau politique du pays. Entretien.
Jeune Afrique : êtes-vous candidat à la présidentielle ?
Moussa Mara : je l’étais en 2012. Les élections ayant été repoussées et non annulées, mon dossier est toujours valable – il est d’ailleurs entre les mains de la Cour constitutionnelle – , ma caution a déjà été déposée. Je serai donc candidat à l’élection présidentielle.
Croyez-vous vraiment en la tenue de l’élection en juillet, malgré tous les obstacles ?
Non seulement j’y crois, mais je pense que c’est absolument indispensable pour le Mali. Il faut qu’on sorte rapidement de la transition, qu’on installe un pouvoir légitime, reconnu par tous, afin de pouvoir engager le pays sur la voie de la réforme.
Vous êtes maire de la commune IV de Bamako depuis 2008, votre parti, Yelema (le changement en Bamanan, NDLR) est tout jeune. Pensez-vous vraiment avoir l’assise politique nécessaire pour remporter ce scrutin ?
Cette jeunesse est une force ! Le Mali a plus que jamais besoin de changement et d’hommes neufs. Des hommes qui ne sont pas associés à la gestion de ceux qui ont mené le pays dans la décrépitude, des hommes qui ont des idées nouvelles et suffisamment de crédibilité pour les porter. Et puis des hommes qui ont de l’énergie, parce qu’il en faut pour conduire le Mali vers un nouveau destin. La jeunesse est gage de nouveauté et c’est ce que les Maliens attendent aujourd’hui.
Est-ce que votre candidature ne serait pas en réalité un coup de pub, afin de préparer le terrain pour le futur ?
On ne se présente pas à des élections pour se faire de la publicité ! Je me présente pour gagner et je n’ai pas l’habitude de faire de la figuration.
La jeunesse est gage de nouveauté et c’est ce que les Maliens attendent aujourd’hui.
Vous avez choisi de rendre public votre patrimoine. Pourquoi ?
Je publie mon patrimoine tous les ans depuis mon élection à la mairie de la commune IV. C’est un exercice de transparence auquel tous les élus devraient se soumettre. J’ai d’ailleurs publié dans la presse malienne une tribune où j’invite les leaders politiques à en faire autant.
Votre patrimoine s’élevait à 523 millions de francs CFA en 2011. Aujourd’hui il est à 480 millions. Avez-vous les ressources suffisantes pour financer vous-même votre campagne ?
Tout d’abord, ce n’est pas le candidat qui finance lui-même sa campagne, même s’il peut y contribuer, mais ce sont les militants et toutes les bonnes volontés. Ensuite, il faut que ces contributeurs soient nombreux, parce que ce n’est pas sain de n’avoir qu’un ou deux contributeurs de campagne, au risque de devenir leur obligé. C’est comme ça que s’installent des pouvoirs qui obéissent au doigt et à l’œil à certains individus. Pour moi, c’est nécessaire d’avoir des dons qui viennent de partout et que les comptes de campagne soient publiés, pour que chacun sache à quoi a servi son argent.
On a évoqué, à Bamako, l’éventualité d’une alliance des jeunes candidats. Est-ce une rumeur ou y pensez-vous sérieusement ?
C’est une possibilité sur laquelle nous travaillons, avec des personnes comme Ousmane Ben Fana, Madani Tall, Yaya Samaké, Cheick Boucadry Traoré… Mais alliance ne veut pas dire candidat unique, il s’agit avant tout d’une alliance des idées. Ensuite, nous verrons s’il y a lieu de s’entendre sur le nom d’une personne pour participer à la présidentielle ou si nous décidons de soutenir celui qui sera au second tour. En tous cas, cette alliance devra se fonder sur des principes de sérieux, de transparence et de »redevabilité » des leaders envers les populations, et non l’inverse. Une chose que l’on a trop longtemps oublié au Mali !
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Propos recueillis par Malika Groga-Bada
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