Éloge Enza-Yamissi : « Je souhaite une intervention de la France » en Centrafrique

Le footballeur Éloge Enza-Yamissi (30 ans), capitaine de la Centrafrique et de Troyes (France, Ligue 1), tient à s’exprimer sur la situation de son pays, récemment secoué par un coup d’État et toujours en proie à la violence. Le sportif centrafricain le plus connu milite pour une intervention française et l’organisation d’une élection présidentielle dans les prochains mois.

Enza-Yamissi : « Rien ne dit que Djotodia ne s’accrochera pas au pouvoir ». © DR

Enza-Yamissi : « Rien ne dit que Djotodia ne s’accrochera pas au pouvoir ». © DR

Publié le 22 avril 2013 Lecture : 2 minutes.

« La première priorité est de ramener le calme et la paix en Centrafrique. Mais cela n’en prend pas le chemin. Il y a des armes qui circulent, car les gens ont été armés pour combattre les rebelles de la Séléka. Il y a des crimes, des pillages et des viols, les gens ne savent plus vraiment qui est civil et qui est militaire. Il y a un vrai sentiment d’insécurité. Mon père, qui habite Bangui, me donne des nouvelles pas toujours rassurantes.

À l’heure actuelle, l’armée centrafricaine ne me semble pas du tout en mesure de ramener le calme. C’est pour cela que je souhaite une intervention de la France, avec l’aide d’une force africaine [la Force multinationale d’Afrique centrale, Fomac, NDLR]. À l’heure actuelle, il n’y a que Paris qui puisse vraiment contribuer à sécuriser le pays. Mais je sais que Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères, a dit que la France n’interviendrait que si les autorités en place étaient reconnues. Et ce n’est pas le cas.

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Le président de transition, Michel Djotodia, n’est pas reconnu par la France. Il ne l’est pas non plus par tous les Centrafricains. Djotodia a dit qu’il allait organiser une élection présidentielle d’ici à dix-huit mois, et qu’il ne resterait pas au pouvoir. D’abord, rien ne dit qu’il ne s’accrochera pas au pouvoir, et qu’il ne reportera pas l’élection. Cela s’est déjà vu en Afrique, et notamment en Centrafrique.

Je pense qu’il faudrait organiser la présidentielle beaucoup plus rapidement. D’ici quatre ou cinq mois.

Mais surtout, ce que je ne comprends pas, c’est ce délai de dix-huit mois. C’est beaucoup trop long ! Je pense qu’il faudrait organiser le scrutin beaucoup plus rapidement. D’ici quatre ou cinq mois. Car il faut aussi laisser du temps à l’opposition, qui est aujourd’hui complètement désorganisée et qui a peur.

Je suis inquiet pour mon pays, qui est très pauvre malgré certaines richesses. Car l’argent, où va-t-il ? Pas dans les hôpitaux, ni dans les écoles, les collèges ou les lycées, ni pour améliorer l’état des routes ou des ponts…

En revanche, je ne suis pas inquiet pour les rapports entre chrétiens et musulman (Djotodia est musulma, NDLR). Les deux communautés ont toujours vécu ensemble sans problèmes. Non, vraiment, ce qui me préoccupe, c’est cette violence. Les Centrafricains ne possèdent pas grand-chose, et il ne faut pas qu’ils détruisent tout !

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Propos recueillis par Alexis Billebault

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NB : Eloge Enza-Yamissi fait partie, avec quelques joueurs centrafricains dont son frère Manasse, qui joue à  Petrolul Ploiesti (Roumanie) et Geoffrey Lembet (Sedan), de l’association Meilleure vision de Centrafrique, créée par Derrick Mohanda, et qui vient en aide aux orphelins.
 

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