Égypte : 39 personnes arrêtées après les affrontements au Caire

La police égyptienne a arrêté, le 20 avril, trente-neuf personnes au lendemain d’affrontements au Caire entre islamistes et opposants au président Mohamed Morsi, qui ont fait plus d’une centaine de blessés et durant lesquels des coups de feu ont été échangés, a annoncé une source judiciaire.

Un bus incendié lors de heurts au Caire, le 19 avril 2013. © AFP

Un bus incendié lors de heurts au Caire, le 19 avril 2013. © AFP

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Publié le 20 avril 2013 Lecture : 3 minutes.

Trente-neuf personnes aux arrêts après les heurts au Caire, le 19 avril, entre islamistes et opposants au président Mohamed Morsi, qui ont fait plus d’une centaine de blessés et durant lesquels des coups de feu ont été échangés, a annoncé une source judiciaire.

La même source a ajouté que les interrogatoires des suspects avaient débuté le 20 avril, tandis que le ministère de la Santé a annoncé dans un communiqué que 105 personnes avaient été blessées dans ces violences.

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Les affrontements ont éclaté quand des manifestants anti-Morsi se sont dirigés, le 19 avril, vers la Cour suprême où des milliers de Frères musulmans s’étaient rassemblés aux cris de « Le peuple veut l’assainissement de la justice ». Ces manifestants ont brûlé un bus affrété par les Frères Musulmans.

Des heurts violents se sont déroulés sur la place Abdel Moneim Riad, proche de l’emblématique place Tahrir. Des islamistes postés sur le pont du 6 octobre qui surplombe la place ont jeté des pierres sur les manifestants de l’opposition en contrebas, notamment des hommes portant des masques noirs appartenant au mouvement des "Black Bloc", tandis que leurs opposants jetaient des cocktails molotov.

Un journaliste de l’AFP a vu des manifestants au pied du pont tirer des chevrotines sur des Frères musulmans. Une heure après le début des affrontements, trois véhicules blindés de la police sont arrivés dans les rangs des Frères musulmans en direction de la place Abdel Moneim Riad puis de la place Tahrir, tirant des gaz lacrymogènes.

A Alexandrie, des jets de pierres lors d’affrontements entre islamistes et manifestants de l’opposition ont fait au moins une douzaine de blessés, selon des témoins. Dans un communiqué, le Premier ministre Hicham Qandil a averti que la "poursuite des manifestations accompagnées de violences nuit pleinement à la sécurité et à l’économie du pays et entrave les plans de réformes". Le ministère de l’Intérieur a appelé pour sa part "tous les courants politiques à aider les forces de l’ordre à accomplir leur mission de sécurisation des manifestants pour éviter que les affrontements ne se soldent par des victimes".

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Bras de fer avec les Frères musulmans

Dans l’après-midi, les Frères musulmans, dont est issu M. Morsi qui depuis son accession au pouvoir en juin entretient des rapports tendus avec le pouvoir judiciaire, avaient organisé une manifestation. Ce rassemblement est intervenu alors que le Sénat dominé par les islamistes s’apprête à discuter des amendements à la loi judiciaire prévoyant notamment de ramener l’âge de la retraite des juges de 70 à 60 ans. Des juges y voient une manoeuvre pour se débarrasser de magistrats hostiles.

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Le mois dernier, la justice avait rejeté un décret de M. Morsi limogeant le procureur général Abdel Meguid Mahmoud. Nommé par le président déchu Hosni Moubarak, M. Mahmoud avait été remplacé par Talaat Abdallah. Après la nomination de ce dernier, accusé d’être pro-Frères musulmans, les magistrats avaient dénoncé une ingérence de l’exécutif. "Nous sommes venus réclamer une purge au sein de la justice, des hommes de main sont venus de Tahrir et nous ont attaqués", a affirmé à l’AFP Mohamed Moheï, un manifestant islamiste, tandis que Rana, une manifestante de l’opposition a accusé la police de "protéger" les islamistes.

Ce nouveau bras de fer entre Frères musulmans et opposition a lieu alors que le pays vit dans l’instabilité depuis la révolte populaire de début 2011 ayant provoqué la chute de M. Moubarak. L’Égypte est aussi confrontée à une baisse des revenus du tourisme et à un effondrement des investissements étrangers, qui contribuaient autrefois fortement à la croissance économique. Le pays a vu fondre ses réserves de devises, passées de 36 à 13,5 milliards de dollars en deux ans, et cette situation pèse sur sa capacité à importer des produits essentiels, comme le gazole. Le Caire négocie avec peine depuis des mois un accord pour un prêt de 4,8 milliards de dollars avec le Fonds monétaire international (FMI), lié à des mesures de rigueur budgétaire potentiellement impopulaires.

( Avec AFP)

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