RDC : le M23 se renforce et se prépare à affronter la Monusco
En attendant le déploiement de la brigade d’intervention de la Monusco chargée de « neutraliser tous les groupes armés » dans la partie est de la RDC, le Mouvement du 23-Mars (M23) prépare sa stratégie de défense. Près de 500 hommes de sa faction dissidente pro-Ntaganda ont rejoint le groupe rebelle. Mais proviennent-ils du Rwanda voisin ou de Kibumba, près de Goma ?
Orphelins de leur chef présumé, Bosco Ntaganda, qui s’est rendu à la CPI, près de 500 soldats ont réintégré le Mouvement du 23-Mars (M23). Quand ? D’où viennent-ils ? Deux questions qui divisent. Si elle ne conteste pas l’information relayée le 17 avril par l’AFP citant un expert de l’International Crisis Group, la rébellion congolaise tient à préciser qu’ « il ne s’agit pas des éléments qui s’étaient refugiés mi-mars au Rwanda », après la débâcle de sa faction dissidente à Kibumba, à quelque 30 km de la ville de Goma.
« Contrairement à ce qui a été dit, le M23 n’a pas réintégré dans ses rangs les troupes venues du Rwanda, mais il a accueilli ses soldats qui étaient à un moment donné induits en erreur par le général Bosco Ntaganda », a déclaré à Jeune Afrique le porte-parole militaire des rebelles, Vianney Kazarama. Et de détailler : « 300 de ces hommes avaient été capturés à Kibumba et 150 autres s’étaient rendus ».
Mise en garde
Depuis l’adoption de la résolution 2098 du Conseil de sécurité des Nations unies, le 28 mars, créant une brigade d’intervention chargée d’« empêcher l’expansion de tous les groupes armés [dans la partie est de la RDC], de les neutraliser et de les désarmer », le M23 s’est lancé dans une campagne de sensibilisation contre le déploiement effectif de cette force.
Des courriers de mise en garde ont été expédiés aux parlements d’Afrique du Sud, de Tanzanie et du Malawi pour leur demander de ne pas permettre l’envoi de leurs troupes dans le bourbier congolais. Des menaces à peine voilées ont également été proférées. « Nous n’allons pas nous battre contre la brigade d’intervention, mais si elle nous attaque, nous riposterons avec la dernière énergie », a lâché Vianney Kazarama qui donne au M23 l’avantage de la connaissance du terrain. « N’oubliez pas que nos troupes maîtrisent la partie est de la RDC mieux que quiconque », a-t-il glissé.
"Guerre psychologique"
Les rebelles du M23 se préparent donc à d’éventuels accrochages avec les 3 069 hommes de la brigade d’intervention. « C’est pourquoi ceux qui avaient fui avec le général Bosco Ntaganda au Rwanda ont traversé de nouveau la frontière pour rejoindre le mouvement rebelle », confirme un spécialiste de la région des grands lacs, rappelant que « le 3 avril, le M23 a même organisé une cérémonie baptisée retour-réconciliation pour accueillir ces éléments ». Ce que la rébellion réfute catégoriquement.
La mission onusienne en RDC, de son côté, dit « n’avoir pas reçu de rapport du mécanisme conjoint de vérification confirmant l’information ». Mais Madnodje Mounoubai met en garde le M23 contre toute initiative visant à renforcer ses positions. « Cela ne ferait que conforter l’image que la communauté internationale a déjà de ce groupe rebelle : un mouvement qui s’oppose au retour de la paix dans la partie est de la RDC », avance le porte-parole de la Monusco.
À Kinshasa, on prend avec beaucoup de prudence l’annonce de la réintégration des troupes fidèles à Bosco Ntaganda au sein du M23. « Nous ne voulons pas rentrer dans la guerre psychologique que la rébellion tente de mettre en place », a expliqué Lambert Mende, porte-parole du gouvernement congolais, rappelant néanmoins que « si l’information se confirmait, il s’agirait d’une violation grave par le Rwanda de ses engagements internationaux notamment l’accord d’Addis-Abeba et la résolution du Conseil de sécurité qu’il a récemment voté ».
Début avril, Kigali avait annoncé avoir éloigné de sa frontière avec la RDC près de 700 rebelles congolais de la branche dissidente du M23 qui s’étaient réfugiés sur son territoire, fuyant les affrontements avec les troupes restées fidèles au chef de l’autre faction du mouvement rebelle, Sultani Makenga.
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Par Trésor Kibangula
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