Sommet de N’Djamena : la CEEAC, Idriss Déby Itno et la Centrafrique
Un sommet extraordinaire des chefs d’État d’Afrique centrale est organisé jeudi 18 avril à N’Djamena, au Tchad, avec pour sujet principal la Centrafrique. Il tente de trouver des solutions à la situation critique que traverse actuellement le pays, miné par l’anarchie et les violences depuis la prise du pouvoir par la coalition Séléka le mois dernier.
Alors que le chaos règne à Bangui, un sommet consacré à la Centrafrique réunit jeudi à N’Djamena l’ensemble des chefs d’État de la Communauté économique des États d’Afrique centrale (CEEAC), ainsi que le président sud-africain Jacob Zuma. Il est censé « faire le bilan de l’évolution de la situation en Centrafrique » depuis les décisions prises lors du précédent sommet du 3 avril.
Ce dernier avait permis de trouver « l’habillage institutionnel » pour légitimer le nouveau président Michel Djotodia, chef de la coalition rebelle Séléka, tout en lui imposant de quitter le pouvoir à la fin d’une période de transition de 18 mois. Il avait ouvert la voie à la reconnaissance du nouveau régime par la communauté internationale et à la reprise des aides économiques pour ce pays de 5 millions d’habitants, parmi les plus pauvres de la planète.
Le sommet de jeudi doit aussi adopter une « déclaration dite de N’Djamena définissant la feuille de route de la transition avec les différentes étapes », selon une source tchadienne. Toutefois, si la question politique semble éclaircie, la situation du pays s’est considérablement dégradée depuis le 3 avril.
Les pillages n’ont pas cessé et de violents heurts ont eu lieu entre des hommes de la Séléka et des habitants excédés par l’insécurité ambiante. Des milices partisanes de l’ancien régime du président François Bozizé pourraient également être impliquées. Une vingtaine de personnes sont mortes le week-end dernier et sept hommes de la Séléka ont été tués en début de semaine. Une source diplomatique craint même « une guerre civile » si l’actuelle anarchie perdure.
Renforts
Mardi, Michel Djotodia avait annoncé un renfort de 500 policiers et 500 gendarmes, ainsi que le casernement des combattants de la Séléka. Ce casernement vise à retirer des rues les anciens rebelles, dont beaucoup n’hésitent pas à piller ou à se servir de leur force pour commettre des exactions. Il doit aussi permettre d’arrêter les individus armés se faisant passer pour des combattants de la Séléka.
Mais les mesures de cantonnement des troupes n’est toujours pas effectif et le gouvernement a transmis à la Force multinationale d’Afrique centrale (Fomac) une demande de renfort de 1 000 hommes pour assurer la sécurité. Le Premier ministre Nicolas Tiangaye, issu de l’ancienne opposition, a aussi demandé le renfort de soldats français pour pacifier la capitale et l’arrière-pays. Ces renforts devraient être débattus au sommet. De nombreux acteurs de la région se montrent sceptiques : « Qui a les hommes? Qui va payer? Qui va les entretenir? », s’interroge une source diplomatique d’Afrique centrale « lassée de toujours devoir aider le même pays ».
La Fomac compte actuellement 500 militaires (120 Gabonais, 120 Camerounais, 120 Congolais, plus un contingent tchadien). Exception faite du Tchad, il n’est pas évident que les autres pays aient les moyens militaires de répondre favorablement à une demande de renforts supplémentaires.
La position du Tchad, clé du sommet
De même, il n’est pas sûr que la France, qui est en train de retirer ses troupes du Mali, ait la volonté d’engager plus que son contingent actuel en Centrafrique – environ 500 hommes – pour des opérations de police. Même si le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a déclaré mercredi que la France était « disponible » pour aider au « retour de la stabilité ». Sous réserve toutefois de « mettre en place des autorités légitimement reconnues, ce qui n’est pas le cas du président actuel ».
Tous les regards sont désormais tournés vers le Tchad et le président Idriss Deby Itno, sans qui rien ne se fait en Centrafrique. Toutefois, la présence de l’armée tchadienne n’est pas forcément rassurante pour la population. Une partie des Centrafricains assimile les Tchadiens à la Séléka et les accuse de participer aux exactions. Il faudra aussi trouver une solution économique pour ce pays ravagé par les pillages et où une partie du faible tissu économique a été détruit par les anciens rebelles. « La conjoncture économique mondiale n’est pas favorable », soulignait récemment un diplomate occidental, « mais sans argent rien n’est possible ».
(Avec AFP)
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