Au Niger, Ahmadinejad n’a « pas évoqué l’uranium » avec Issoufou
Mahmoud Ahmadinejad a achevé mardi à Niamey une visite de 48 heures au Niger, officiellement sans avoir évoqué l’uranium dont le Niger est pourtant l’un des grands producteurs mondiaux. Retour sur le séjour du président iranien au pays de Mahamadou Issoufou.
L’uranium, tout un tabou à Niamey lors de la deuxième étape d’une mini-tournée africaine avec le Bénin de Mahmoud Ahmadinejad. Très attendus sur la question, en raison du programme nucléaire controversé de Téhéran, le président iranien et son homologue nigérien Mahamadou Issoufou ont affirmé n’avoir pas abordé le sujet lors de leurs discussions, axées sur la coopération économique.
"L’Iran produit lui-même de l’uranium"
« Le Niger est un pays producteur d’uranium, mais nous n’avons pas évoqué ça, aussi surprenant que cela puise vous paraître », a déclaré Mahamadou Issoufou lors d’une conférence de presse conjointe avec Mahmoud Ahmadinejad.
En rappelant que « l’Iran produit lui-même de l’uranium », le président nigérien a insisté sur le fait que « cette question relative spécifiquement à l’uranium n’a pas été évoquée ». (…) Nous sommes tous signataires du traité de non prolifération nucléaire et nous sommes tous d’accord qu’il faut que l’uranium serve au peuple, à la promotion de la vie et non pas à la destruction », a expliqué Mahmoud Issoufou.
« La réponse du président Issoufou est claire et suffisante », a renchéri Mahmoud Ahmadinejad, qui n’exclut cependant pas une coopération dans le domaine pétrolier avec le Niger. « Si le pays en fait la demande », a précisé le président iranien.
En attendant, les deux pays ont signé plusieurs accords économiques, notamment dans les domaines de la santé, du commerce et des infrastructures. Mahmoud Ahmadinejad a aussi promis d’aider le Niger, pays désertique et souvent frappé par des crises alimentaires, à « développer et moderniser » son agriculture demeurée artisanale.
Étape béninoise
En tournée depuis le 14 avril en Afrique de l’Ouest, le président iranien, lors de sa première étape à Cotonou au Bénin, Mahmoud Ahmadinejad avait déjà nié l’intention de Téhéran de se doter de la bombe atomique, tout en dénonçant l’attitude « colonialiste » des pays riches qui exploitent les plus pauvres.
« Pour sauver leur économie, ils [les pays riches] imposent la guerre partout pour couvrir leurs échecs et l’échec du système capitaliste », a-t-il déclaré lors d’un discours prononcé à devant les étudiants et chercheurs béninois. « Ils accusent l’Iran comme toutes les nations qui cherchent à sortir rapidement de la domination actuelle », a ajouté le président iranien, qualifiant l’énergie nucléaire de « don divin » fournissant l’électricité à un prix abordable.
Les puissances occidentales et Israël soupçonnent l’Iran de dissimuler un programme militaire visant à la fabrication de la bombe atomique sous couvert d’activités nucléaires civiles. Ce que Téhéran dément. « Nous n’avons pas besoin de bombe atomique », a déclaré Mahmoud Ahmadinejad. Et d’ajouter : « D’ailleurs, ce n’est pas la bombe atomique qui menace le monde, mais la morale et la culture occidentale en perte de valeurs ».
Mines d’uranium
Il y a quelques jours, les États-Unis se sont dits « très inquiets » de l’inauguration de deux mines et d’un complexe de production d’uranium en Iran alors que les discussions sur le programme nucléaire de Téhéran sont dans l’impasse. Deux mines qui « suffiraient largement pour les ambitions » de son pays, a confirmé le président iranien avant son départ pour Niamey.
L’Iran a besoin d’uranium pour son programme nucléaire, et le Niger a critiqué récemment un partenariat historique « très déséquilibré » avec la France, ancienne puissance coloniale, dont le groupe Areva exploite l’uranium depuis plus de 40 ans dans le nord du pays. En 1984 déjà, sous le régime du général-président nigérien Seïni Kountché, l’Iran avait tenté d’acheter de l’uranium au Niger, d’après Niamey.
(Avec AFP)
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