Sénégal : le procureur Alioune Ndao justifie la détention de Karim Wade
Le procureur de la CREI, Alioune Ndao, a expliqué mardi n’avoir « pas été convaincu par la pertinence des réponses » de la défense de Karim Wade, raison pour laquelle il a ordonné la veille la garde à vue du fils de l’ancien président sénégalais. En attendant son éventuelle inculpation et placement sous mandat de dépôt.
![Alioune Ndao, procureur de la CREI, le 16 avril 2013, à Dakar. © Seyllou Diallo/AFP](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2013/04/17/017042013074742000000aliondprocareeswadeok.jpg)
Alioune Ndao, procureur de la CREI, le 16 avril 2013, à Dakar. © Seyllou Diallo/AFP
Lors d’une conférence de presse, mardi 16 avril, le procureur de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI) a répondu aux arguments de la défense de Karim Wade, placé en garde à vue dans une gendarmerie de Dakar, lundi. Celle-ci venait de présenter son mémoire de réponse aux enquêteur pour contredire 98% du patrimoine imputé à l’ancien ministre par la justice sénégalaise, qui l’évalue à 1,058 milliard d’euros.
Alioune Ndao a expliqué qu’il avait consulté « pendant deux heures » ce dossier « de 42 pages, le reste étant des documents annexes », qui contenait « des réponses tant sur la forme que sur le fond », selon lui. « En deux heures, nous nous sommes fait une religion et nous n’avons pas été convaincus par la pertinence de ses réponses », a-t-il affirmé.
"3 000 documents"
La défense du fils de l’ancien président Abdoulaye Wade (2000-2012) dont il fut conseiller et ministre, s’est quant à elle étonnée que le procureur ait pu étudier en très peu de temps « 3 000 documents », et a dénoncé une arrestation « programmée à l’avance ».
Karim Wade, 44 ans, avait été mis en demeure le 15 mars de justifier dans un délai d’un mois ses avoirs, constitués selon la CREI de sociétés dont l’ancien ministre serait le « propriétaire » ainsi que de « propriétés immobilières », de « comptes bancaires » et de « voitures ».
« Nous avons fait les 4/5e de notre travail. La commission d’instruction (de la CREI) va être saisie demain (mercredi) » et ses magistrats « vont apprécier la suite à donner à ce dossier ». Karim Wade risque donc d’être inculpé, placé sous mandat de dépôt, mais il pourrait aussi être remis en liberté, a indiqué M. Ndao.
Sociétés à tiroir
« C’est une véritable ingénierie financière qui a été mise à nu avec des prête-noms et des montages complexes. Nous avons découvert des secteurs clefs de l’économie nationale détenus par des sociétés off-shore basées au Panama, aux Iles Vierges britanniques et à Luxembourg », a ajouté le substitut du procureur de la CREI, Antione Diome.
« On a découvert des sociétés à tiroirs, avec une société off-shore derrière une autre société off-shore. Le système mis en place a permis de découvrir des sociétés off-shore dont la spécialité est de facturer des services qui n’existent que dans l’imagination de leurs auteurs, avec des millions d’euros ou de dollars en jeu », a-t-il affirmé.
En outre, selon M. Diome, « des virements bancaires ont été découverts de paradis fiscal à paradis fiscal et concernant des Sénégalais connus de tous. La stratégie a toujours consisté à se reposer sur des amis et des proches ou des employés d’amis ou de proches ».
(Avec AFP)
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