Amina : « Je ne quitterai pas la Tunisie avant une autre action seins nus »
Lors d’un appel vidéo avec une militante Femen en France, la jeune féministe tunisienne Amina affirme qu’elle a été séquestrée par sa famille et qu’elle est désormais libre dans un endroit sûr. Elle prévoit également de mener une autre action seins nus avant de quitter son pays.
Dans la nuit du vendredi 12 au samedi 13 avril, Inna Shevchenko, leader du mouvement Femen en France, reçoit un appel en provenance de Tunisie. À l’autre bout du fil, une voix qu’elle connaît bien mais qu’elle n’avait plus entendu depuis longtemps : celle d’Amina Tyler, féministe tunisienne plongée dans la tourmente depuis la publication, à la mi-mars, de photos d’elle poitrine dénudée, sur laquelle on pouvait lire « Mon corps m’appartient et n’est source d’honneur pour personne. » Son geste avait provoqué une vaste polémique au sein de la société tunisienne. Des féministes traditionnelles aux salafistes en passant par des musulmans modérés, nombreux sont ceux ou celles qui avaient été choqués par l’attitude provocante de la jeune femme.
« Allo ? Je suis là, c’est Amina… » entend Inna lorsqu’elle décroche. L’appel est bref. La militante tunisienne a juste le temps de lui dire qu’elle s’est échappée de son domicile familial, qu’elle va bien, et qu’elle la recontacterait plus tard pour tout lui raconter.
Quelques jours après la diffusion de ses clichés seins nus, Amina, menacée par certains islamistes radicaux, est emmenée de force par son cousin et son oncle alors qu’elle attablée dans un café de Tunis. Après plusieurs jours sans nouvelles, elle réapparaît finalement le 6 avril, dans un reportage diffusé sur la chaîne de télévision française Canal +. On y apprend qu’elle vit désormais dans une maison familiale, à « trois heures de route » de Tunis. Face à la caméra, la jeune femme de 19 ans semble fatiguée, sans que l’on puisse déterminer clairement si sa famille la séquestre ou la retient pour sa protection.
Battue et forcée à lire le Coran
Dimanche, Amina recontacte Inna Shevchenko. Cette fois-ci, l’appel se fait en vidéo, par internet. « Elle m’a raconté toute son histoire, confie Inna. Il y a quelques jours, Amina est revenue avec sa famille à Tunis. Elle a réussi à s’échapper dans la nuit de vendredi à samedi, grâce à l’aide de personnes que nous connaissons là-bas. Elle est désormais dans un endroit sûr, avec des gens de confiance. »
Dans cette vidéo, Amina déclare qu’elle a été retenue par ses proches pendant plusieurs semaines. Elle affirme avoir été battue et forcée à prendre des médicaments. Bien qu’athée, elle indique aussi qu’elle était obligée de lire le Coran et d’aller voir l’imam tous les jours. Pendant ses quelques semaines de détention, dont deux passées à Kairouan, Amina était aussi privée de tout moyen de communication. Concernant ses propos acerbes contre les Femen françaises qui ont brûlé un drapeau salafiste à Paris, la jeune femme assure qu’elle a été « poussé à dire ça » par sa famille.
Preuve de son engagement aux côté des activistes féministes, Amina clame surtout qu’elle est prête à poursuivre « son » combat. « Je ne quitterai pas la Tunisie avant une nouvelle action seins nus », prévient-elle dans la vidéo.
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Benjamin Roger
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