Alassane Ouattara : « La page de la crise est tournée »

Après son entretien avec François Hollande, à l’Élysée, ce jeudi 11 avril, le président ivoirien a évoqué quelques sujets d’actualité concernant son pays.

François Hollande et Alassane Ouattara, le 11 avril 2013 à Paris. © AFP

François Hollande et Alassane Ouattara, le 11 avril 2013 à Paris. © AFP

Publié le 11 avril 2013 Lecture : 4 minutes.

Le chef d’État ivoirien, Alassane Ouattara, a rencontré son homologue français, François Hollande, le 11 avril, à l’Élysée. Il était accompagné du secrétaire général de la présidence, Amadou Gon Coulibaly, et du président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro. Lors de cette « visite de travail et d’amitié », les dirigeants ont surtout abordé les crises qui secouent l’Afrique de l’Ouest. Sur le perron de l’Elysée, sous un léger crachin, le président ivoirien a fait le point sur les grands dossiers du moment (dialogue politique inter-ivoirien, réconciliation, guerre au Mali, gouvernance de l’économie…). Principales déclarations :
 
Au sujet du Pentagone qualifiant les armées africaines de la Misma d’« incapables » :
« C’est le point de vue du Pentagone. Nous nous emploierons à faire en sorte que les choses s’améliorent. Nous avons d’ailleurs demandé à la force française Licorne de nous aider à former notre propre bataillon logistique qui sera prochainement envoyé au Mali. Gérer les forces de 10 pays membres n’est pas la même chose que d’envoyer l’armée d’un seul pays. Il y a des circonstances atténuantes qui ont été oubliées. »

Au sujet des pouvoirs exceptionnels accordés au président, le 10 avril, par l’Assemblée nationale ivoirienne en matière économique :
« Le président de l’assemblée est avec moi ici pour cette visite. L’assemblée est faite pour aider le gouvernement, le contrôler et nous aider à aller de l’avant. La Côte d’Ivoire a connu un taux de croissance de presque 10 % l’année dernier. Nous voulons aller plus vite. L’assemblée ne se réunit que lors de deux sessions par an. Nous avons des dossiers urgents à examiner et des décisions à prendre. De toutes façons, ces dossiers repartiront pour examen devant à l’assemblée. Je suis un démocrate et je ne m’amuserai pas à soustraire des prérogatives à une institution ni son rôle dans la gestion de l’État. »

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Au sujet de la non-participation du Front populaire ivoirien (FPI) aux élections municipales et régionales :
« Ses membres se présentent sous l’étiquette d’indépendants. J’ai fait toutes les concessions à l’opposition. Le Premier ministre a rencontrés le FPI à plusieurs reprises. Il a décidé ne de pas participer. On ne peut obliger un citoyen ou un parti politique à aller aux élections. Je le regrette toutefois. »

Au sujet de la date symbolique du 11 avril pour rencontrer le président français, soit exactement deux ans après la chute de son ancien rival, Laurent Gbagbo :
« Ah bon, ça fait deux ans … aujourd’hui ? La page est tournée. On avait plus de 350 000 personnes hors du pays voilà deux ans. Nous avons moins de 60 000 aujourd’hui qui se trouvent essentiellement au Liberia et au Ghana. Je leur demande de rentrer. Le pays est en plein chantier et connait un boom sans précèdent avec une croissance de 10 % l’année dernière, une inflation à moins de 2 % et un déficit budgétaire de moins de 3 %. Des emplois se créent tous les jours. C’est un train qu’il ne faut pas manquer. Il faut qu’ils apportent leur contribution à la gestion de la Côte d’ivoire. »

Au sujet de la sécurité des exilés en cas de retour au pays :
« Certains avaient des appréhensions et ont été accueillis par les forces de sécurité. Nous continuons de faciliter le retour de ceux qui veulent revenir, même s’ils ont des choses à se reprocher. S’il y a des mandats d’arrêt à leur encontre, ils se présenteront plus tard devant la justice. »

Au sujet de la situation à l’ouest du pays :
« L’Ouest est une région difficile depuis l’ère coloniale. Il y a eu la guerre au Liberia, puis les difficultés récentes. On a déployé 600 soldats récemment pour sécuriser la région et on continuera de le faire. C’est important : l’Ouest a été la région la plus touchée, en dehors Abidjan, durant la crise post-électorale. »

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Au sujet des critiques des ONG sur la politique de réconciliation :
« Ces organisations oublient le nombre d’années qu’il a fallu pour faire la réconciliation après la Seconde guerre mondiale ou après la guerre de sécession aux États-Unis. La réconciliation prend du temps. Nous avons deux ans de présence à la tête de l’Etat. Nous avons la volonté de réconcilier et de rassembler les Ivoiriens. Il n’y a pas d’Ivoiriens plus acceptables que d’autres. Les populations ont commencé à se rapprocher, nous faisons notre travail et nous encourageons les partis politiques à s’insérer dans ce processus. »

Au sujet des poursuites judiciaires engagées contre les pro-Gbagbo :
« Nous avons mis en place une commission nationale d’enquête qui a remis ses conclusions. Je les ai rendues publiques. Nous voulons renforcer l’État de droit. Nous faisons confiance à la justice et l’encourageons à simplifier et accélérer les procédures. Nul ne sera épargné mais ce sera au rythme de la justice ivoirienne, qui est indépendante. Nous n’avons pas de justice des vainqueurs, nous n’avons pas de justice des vaincus. »

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Au sujet de la réponse ivoirienne à la demande de transfert de Simone Gbagbo devant la CPI :
« La question est à l’étude. Appelez le ministre de la justice pour avoir plus de précisions. »

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