Margaret Thatcher et l’Afrique : de loin en loin
L’ex-Première ministre britannique, Margaret Thatcher, décédée le 8 avril, ne portait pas d’intérêt démesuré au continent africain. Elle a néanmoins supervisé l’accession à l’indépendance du Zimbabwe et fréquenté l’Afrique du Sud de l’apartheid.
Margaret Thatcher est décédée lundi 8 avril, à l’âge de 87 ans, d’une attaque cérébrale. Chef du Parti conservateur à partir du 11 février 1975, la première et unique femme élue Premier ministre au Royaume-Uni a dirigé le pays du 4 mai 1979 au 28 novembre 1990.
Elle a mené une politique ultra-libérale sur un plan économique et très conservateur sur le plan social. À l’international, elle a marqué l’Histoire par sa fermeté lors de la prise argentine des îles Malouines. La reconquête militaire du territoire prendra trois semaines. Son intransigeance dans ce conflit a partiellement participé à son surnom de « Dame de fer. » Mais la détermination de « Maggie » s’est également exprimée dans les pays africains membres du Commonwealth. Retour sur quelques faits qui ont marqué la présence de Margareth Thatcher en Afrique.
- Accords de Lancaster House aussi connus sous le nom de Zimbabwe Act
Les accords de Lancaster House sont signés le 21 décembre 1979 à Londres. Alors que « Maggie » est au pouvoir depuis six mois, elle résout un conflit vieux de quinze ans. Le Zimbabwe Act prévoit des dispositions pré-constitutionnelles portant sur l’avenir de la Rhodésie du Sud, future Zimbabwe. Ces accords sont adoptés sous l’impulsion de Margaret Thatcher. Une note interne de son cabinet datée du 4 février 1979 la mettait en garde contre une intervention précipitée. Mme Thatcher répondit alors : « I agree we need care but a little courage is necessary too. » (« Je suis d’accord nous devons être prudents mais un peu de courage est aussi nécessaire »). Le Zimbabwe gagna son indépendance l’année suivante.
- Margaret Thatcher s’oppose aux sanctions internationales contre régime d’apartheid sud-africain
Pendant les années d’apartheid, Margaret Thatcher a apporté son soutien au pouvoir en place, considéré comme un rempart au communisme soviétique. « Maggie » a refusé de soutenir les sanctions internationales, imposées à partir de la fin des années 1970 au régime blanc. Elle considérait l’African National Congress (ANC) de Mandela comme une « organisation terroriste. » Pour Mme Thatcher, ceux qui pensent que l’ANC pourra diriger le pays vivent au « Cloud-cuckoo land » (pays imaginaire où tout est parfait). Elle convainc ses partenaires du Commonwealth d’accepter des mesures moins radicales. Cette prise de position est considérée comme l’une de ses plus graves erreurs de jugement. Margaret Thatcher la justifia en avançant que les sanctions risquaient d’aggraver les tensions entre les deux communautés.
- Rencontre de réconciliation avec Nelson Mandela au 10 Downing Street
Le 4 juillet 1990, Margaret Thatcher reçoit Nelson Mandela au 10 Downing Street. Lors d’un premier séjour en Angleterre en avril, deux mois après sa libération, Mandela déclina l’invitation de la « Dame de fer » en raison d’une décision du Comité central de l’ANC qui s’opposait fermement à une rencontre. Au cours d’un second déplacement, Mandela décide de s’entretenir avec Mme Thatcher contre l’avis des hauts responsables de l’African National Congress.
Cinq ans auparavant, dans une lettre datée du 31 octobre 1985 tenue secrète pendant près de vingt ans, la « Dame de fer » conseillait avec bienveillance au président sud-africain Botha de libérer le prisonnier politique le plus emblématique de l’histoire pour apaiser les tensions. Davantage par calcul politique que par sympathie pour Mandela…
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Par Ismaël Halissat
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