Tunisie – Charfeddine : « L’Étoile du Sahel dépend de moi à 80 % »

L’Étoile du Sahel de Sousse (ESS), avec ses neuf titres de champion, ses sept coupes de Tunisie et son palmarès continental (une Ligue des champions, deux Coupes des coupes, trois Coupes de la confédération) est l’un des grands clubs d’Afrique. Ce qui ne l’empêche pas de vivre une situation financière délicate. Explications avec Ridha Charfeddine, industriel dans le secteur pharmaceutique et président de l’ESS depuis mai dernier.

L’Étoile du Sahel est un grand club mais connaît une situation financière délicate. © AFP

L’Étoile du Sahel est un grand club mais connaît une situation financière délicate. © AFP

Alexis Billebault

Publié le 9 avril 2013 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : L’ESS, qui est un club omnisports, accuserait un déficit de 11 millions de dinars…

Ridha Charfeddine : je confirme ce montant, qui concerne tout le club. Sachant que l’endettement de l’équipe de football est le plus important.

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La situation est-elle moins compliquée qu’à votre arrivée ?

Oui. À l’époque, l’Étoile était en cessation de paiement. Les salaires n’étaient plus réglés en temps et en heure, les fournisseurs plus payés. Il n’y avait plus d’argent car les recettes (droits TV, sponsoring, billetterie) n’étaient pas assez élevées.

Quel est le budget global de l’Étoile du Sahel ?

Environ 11 millions de dinars. Dont 6 pour le foot.

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Le club a-t-il vécu trop longtemps au-dessus de ses moyens ?

Sans doute. On peut regretter un certain manque d’anticipation. Mais ce n’est pas la faute exclusive des anciens dirigeants. En Tunisie, le foot est professionnel, mais les structures ne sont pas assez adaptées. Si l’Étoile a eu un train de vie important, l’explication est simple : c’est un grand club, et il y a une exigence de résultats de la part des supporteurs. Et pour rivaliser avec le Club Africain ou l’Espérance de Tunis, il faut prendre des risques financiers, payer des salaires importants à certains joueurs. Or en Tunisie, il y a paradoxalement une inflation des salaires et des primes, alors que la crise est là !

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Comment faites-vous pour réduire ce déficit ?

Par des économies. Des contrats de joueurs ont été résiliés, on compresse les dépenses. On cherche aussi de nouvelles recettes. Je sais que le ministère des Sports est en train de réfléchir sur la possibilité de permettre aux clubs de passer en sociétés, et donc d’ouvrir leur capital.

On dit que certains dirigeants de l’Étoile, dont vous, mettent la main à la poche très régulièrement pour permettre au club d’assurer ses fins de mois…

C’est vrai. C’est mon cas. J’emprunte de l’argent au nom du club, mais en me portant caution personnellement. Et je ne suis pas le seul à le faire. Aujourd’hui, les salaires sont payés, les fournisseurs aussi. Mon mandat se termine le 30 juin prochain. Mais il n’est pas impossible que je continue.

Le club cherche-t-il un mécène, comme le sont Slim Riahi (Club Africain) ou Hamdi Meddeb (Espérance de Tunis) ?

Il y a des noms qui circulent en interne. Je ne sais pas encore si cela se fera. Et puis, d’une certaine façon, je suis un peu un mécène. Aujourd’hui, le club dépend de moi à environ 80 %. Si je devais partir fin juin et si aucun mécène n’arrive, le club serait alors en danger.

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Propos recueillis par Alexis Billebault

 

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