Nelson Mandela est sorti de l’hôpital
L’ex-président sud-africain Nelson Mandela, de santé désormais fragile à 94 ans, a été autorisé à regagner son domicile de Johannesburg samedi, après neuf jours d’hospitalisation pour soigner une pneumonie.
Mis à jour à 17h00.
Le plus célèbre et le plus populaire de tous les Sud-Africains continuera à recevoir des soins à domicile, comme après sa précédente hospitalisation longue en décembre 2012, a précisé la présidence dans un communiqué.
Les médecins ont considéré que le héros de la lutte contre l’apartheid pouvait quitter leur établissement "en raison d’une amélioration constante et graduelle de son état général". Il a été ramené chez lui en ambulance, simplement escorté par un discret véhicule de sécurité noir.
Jeudi et vendredi déjà, le président Jacob Zuma en personne et l’épouse de Mandela Graça Machel, soulagés de rassurer le pays, avaient affirmé que l’illustre patient allait "de mieux en mieux".
Premier président noir de l’Afrique du Sud en 1994, celui que ses compatriotes appellent affectueusement "Madiba" avait déjà été hospitalisé en janvier 2011 puis en décembre 2012 pour des infections pulmonaires, probablement liées aux séquelles d’une tuberculose contractée pendant son séjour sur l’île-prison de Robben Island, au large du Cap.
C’est dans ce bagne qu’il avait passé dix-huit de ses vingt-sept années de détention dans les geôles du régime de l’apartheid, cassant des cailloux dans une poussière qui a durablement endommagé ses poumons.
Sujet de préoccupation
La santé de Nelson Mandela est désormais un sujet de préoccupation régulier en Afrique du Sud, où chacun sait que le héros national n’est pas immortel. Ses derniers visiteurs, avant son hospitalisation, ont décrit un vieil homme en bonne santé, mais avec certaines absences cependant.
"Malheureusement, il oublie parfois que l’un ou l’autre sont décédés, ou son visage exprime l’incompréhension quand on lui dit que Walter Sisulu ou d’autres ne sont plus de ce monde", avait confié son ami l’avocat George Bizos dans une interview à l’agence d’information radio Eyewitness News le 11 mars, après avoir rendu visite à Nelson Mandela quelques jours auparavant.
Walter Sisulu, mort en 2003, a été l’une des figures emblématiques de la lutte contre l’apartheid, et très proche de Mandela pendant des années.
Mandela, qui n’est plus apparu en public depuis 2010, s’est complétement retiré de la vie politique et n’a plus exprimé aucune opinion publiquement depuis des années. Il n’est reste pas moins une idôle vénérée par tout un peuple, pour avoir réussi à éviter une explosion de violence raciale lors du passage entre le régime ségrégationniste d’apartheid et la démocratie en 1994. Cette transition réussie lui a valu le prix Nobel de la paix en 1993, partagé avec le dernier président de l’apartheid, Frederik De Klerk.
"Icône mondiale de la réconciliation"
L’archevêque Desmond Tutu, autre figure majeure de la lutte anti-apartheid et lui aussi prix Nobel de la paix, l’a qualifié un jour d’"icône mondiale de la réconciliation".
Derrière les barreaux, Mandela était devenu en effet le symbole de l’oppression de son peuple, tandis que le monde entier manifestait et organisait des concerts pour sa libération.
Mais avant même d’être libéré, en 1990, il s’est efforcé de comprendre ses adversaires –allant jusqu’à apprendre leur langue, l’afrikaans, et leur poésie–, de leur pardonner, puis de négocier avec eux sans esprit de vengeance.
Une fois libéré, il les a séduits par sa gentillesse, son élégance et son charisme.
Usé par ses années de prison, le détenu Mandela avait connu une première alerte de santé sérieuse en 1988. Il est alors admis, sous régime carcéral, à l’hôpital de Stellenbosch, près du Cap (sud-ouest) après s’être plaint d’une forte toux contractée dans l’humide cellule de sa prison.
Hospitalisé à maintes reprises
Les médecins diagnostiquent une tuberculose, et drainent deux litres de liquide de ses poumons. Celui que le régime d’apartheid considérait déjà comme un possible interlocuteur passe six semaines à l’hôpital avant d’être transféré, convalescent, dans une clinique plus proche de sa prison dont il sera le tout premier patient noir.
En 2001, onze ans après sa libération, il est traité par radiothérapie pour un cancer de la prostate. L’année suivante, il déclare à des journalistes qu’il est définitivement guéri.
Quelques mois à peine après son élection à la présidence de la République en 1994, il est opéré de la cataracte. Des restrictions très rigoureuses interdisent aux photographes d’utiliser un flash en sa présence.
En décembre 2012 enfin, alors qu’il s’est retiré depuis quelques mois dans son village d’enfance de Qunu, dans la région du Cap oriental, il est ramené en avion à Pretoria. Il passe 18 jours à l’hôpital avant d’être autorisé à regagner son domicile de Johannesburg.
Son entourage n’avait ensuite pas souhaité le renvoyer à Qunu, au coeur d’une région rurale, alors que Johannesburg et Pretoria, à soixante kilomètres l’une de l’autre, regroupent la plupart des meilleurs hôpitaux du pays.
(AFP)
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