Mali : Laurent Fabius à Bamako pour encourager la tenue d’élections en juillet
Le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, est en visite à Bamako, vendredi 5 avril. Objectif : insister sur la nécessité d’une réconciliation et sur l’organisation d’élections en juillet, malgré une situation encore instable dans le nord comme dans le sud.
![Laurent Fabius, le 19 mars, à Lyon. © AFP](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2013/04/05/005042013105300000000fabiusbamako.jpg)
Laurent Fabius, le 19 mars, à Lyon. © AFP
Laurent Fabius sur tous les fronts. Après un voyage au Maroc, où il a accompagné le président Hollande, le ministre français des Affaires étrangères effectue, vendredi 5 avril, une visite éclair et très politique à Bamako.
Pressée de respecter ses engagements en amorçant son retrait du Mali, où elle a engagé 4 000 hommes depuis le 11 janvier, et soucieuse de passer le relais à une future force de maintien de la paix de l’ONU – attendue à partir de juin -, la France insiste depuis des semaines sur la nécessité d’avoir au minimum une élection présidentielle en juillet. « Nous serons intraitables », avait ainsi déclaré sur un ton abrupt le président François Hollande, le 27 mars, ce qui avec provoqué quelque émoi à Bamako. Un haut responsable de l’Assemblée nationale, Assarid ag Imbarcaouane, a par exemple jugé que ce n’était « pas un langage à tenir. »
« Il faut les élections en juillet parce qu’il faut une nouvelle légitimité démocratique », a estimé, plus diplomatiquement mercredi, Laurent Fabius, qui enchaînera vendredi les entretiens avec les autorités maliennes et les responsables de partis représentés à l’Assemblée. « Les Maliens doivent faire leur part du travail. C’est très confortable pour eux qu’on s’occupe de l’aspect sécuritaire, mais il faut qu’ils avancent de leur côté sur le plan politique », insiste-t-on également à Paris.
Mais la situation sécuritaire reste instable, comme l’a montré l’attentat suicide suivi de combats avec des combattants islamistes en début de semaine à Toumbouctou (nord-ouest). Même dans la capitale, des incidents récents avec fusillade entre policiers, ou la récente arrestation d’un journaliste, Boukary Daou, montrent que l’union nationale n’est pas une notion partagée par tous de la même façon.
Doutes sur le calendrier
Dans ces conditions, et alors que près de 400 000 Maliens sont déplacés ou réfugiés dans les pays voisins, beaucoup doutent de la possibilité d’organiser les élections aux dates prévues des 7 et 21 juillet. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a laissé entendre dans un rapport, le 26 mars, que « les conditions ne sont pas mûres pour la tenue d’élections libres, crédibles et paisibles ».
« Nous faisons tout pour ça. Mais à l’impossible, nul n’est tenu, parce que cet objectif est très difficile à atteindre pour le moment », a déclaré depuis Bamako un ministre sous couvert de l’anonymat. Sans compter le problème financier : il manque 25 millions d’euros pour organiser le scrutin, indique un diplomate français, « mais ce n’est pas insurmontable ».
Réconciliation nationale
Autre sujet sur lequel insistera Laurent Fabius à Bamako : la réconciliation politique. Il doit notamment rencontrer Mohamed Salia Sokona, le président de la « Commission de dialogue et de réconciliation » dont Paris a fortement encouragé la création pour favoriser le dialogue entre le Sud et le Nord. Mais les haines et la méfiance entre Noirs d’un côté, et Arabes et Touareg de l’autre, ont été exacerbées par les exactions des islamistes.
« On est conscient que la réconciliation ne va pas se faire entre maintenant et juillet. Mais il faut des gestes, notamment du MNLA (la rébellion touarègue) », explique un diplomate français. Paris souhaite que ce mouvement « joue le jeu politique » et se transforme en parti. Un objectif qui semble cependant lointain, comme l’illustre la situation à Kidal, berceau des Touaregs dans le Nord-Est, où le MNLA a désigné fin mars un « administrateur » et refuse toujours la présence de l’armée malienne.
(Avec AFP)
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