Sommet de la Ceeac : Djotodia non reconnu comme président, Zuma retire ses troupes de Centrafrique

Le sommet des chefs d’État d’Afrique centrale qui s’est tenu à N’Djamena mercredi 3 avril a demandé aux nouvelles autorités de Bangui de mettre en place un collège élu pour « jouer le rôle de l’Assemblée nationale » et « rédiger une Constitution, ce qu’a accepté le leader de la Séléka, Michel Djotodia. De son côté, Jacob Zuma a annoncé le retrait des troupes sud-africaines de Centrafrique.

Michel Djotodia, nouvel homme fort de la Centrafrique, à Bangui, le 30 mars. © AFP

Michel Djotodia, nouvel homme fort de la Centrafrique, à Bangui, le 30 mars. © AFP

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Publié le 4 avril 2013 Lecture : 3 minutes.

Mis à jour à 12h30.

Le souci de sauver les apparences… et de mettre la Centrafrique sur les rails de la normalisation. Réunis à N’Djamena, mercredi 3 avril, les chefs d’État d’Afrique centrale ont poussé Bangui a accélérer sur la voie de la transition démocratique. Premier point, ils ont jugé « impossible » de reconnaître le « président autoproclamé » et chef de la Séléka, Michel Djotodia.

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Le sommet de la Communauté économique des États d’Afrique centrale (Ceeac) a demandé la formation d’un « collège » de transition, sur la base d’une élection « par les forces vives de la nation », avec à sa tête un président qui serait élu pour une période qui « ne doit pas excéder 18 mois ». Par la voix de son Commissaire à la paix et à la sécurité de l’UA, Ramtane Lamamra, l’Union africaine (UA) estimait quant à elle que les autorités de Bangui devaient organiser des élections dans un délai d’un an. « La transition ne doit pas durer trois ans, on doit faire une courte transition. Et les bonnes transitions sont celles qui ne durent pas », a affirmé Lamamra.

Ces précautions n’empêchent pas le leader de la Séléka de demeurer au centre du jeu, même s’il a laissé entendre qu’il ne se présenterait pas à la présidentielle qui suivrait la période de transition. « On peut penser que ce sera Michel Djotodia [qui sera nommé à la tête du collège, NDLR], qui n’est pas du tout rejeté du processus, au contraire », a estimé l’ambassadeur de l’Union européenne (UE) à Bangui, Guy Samzun.

Message

Le sommet s’est achevé sur les paroles du président tchadien Idriss Déby Itno, qui a annoncé la « mise en place d’un organe législatif qui va rédiger la Constitution et jouer le rôle de l’Assemblée. (…) Dès demain (jeudi), une mission composée des ministres des Affaires étrangères des pays de la Ceeac, les partenaires et les représentants des Nations de l’Union africaine, de l’Union européenne et de l’Organisation internationale de la francophonie doivent se rendre à Bangui pour porter ce message aux Centrafricains », a-t-il déclaré.

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Les propositions du sommet ont aussitôt été approuvées par Michel Djotodia, a déclaré jeudi, à Bangui, le Premier ministre centrafricain Nicolas Tiangaye, présent la veille à N’Djamena. « J’en ai discuté avec le chef de l’État qui a marqué son accord pour que cette solution soit retenue », a-t-il affirmé. « C’est un accord qui permet à la RCA (République centrafricaine) de sortir de l’isolement, qui permet d’éviter d’être mis au ban de la communauté internationale, je ne vois pas pourquoi la Séléka va s’y opposer », a-t-il ajouté.

Les décisions du sommet vont dans le bon sens, estimait lui aussi l’ambassadeur de l’UE à Bangui. « Comme prévu par l’accord de Libreville, il y a un exécutif au pouvoir renforcé qui est le Premier ministre Nicolas Tiangaye », issu de l’ancienne opposition à François Bozizé, « et la création d’un Comité national de transition (CNT). » Celui-ci « sera composé de toutes les parties présentes à Libreville. Son président sera élu en son sein et deviendra la président de la République », a salué Guy Samzun. L’ancien Premier ministre et opposant centrafricain Martin Ziguélé, présent au sommet, a également réagi positivement : « La décision des chefs d’État est (…) un moyen de donner une légitimité à un homme ou une femme qui aura la redoutable tâche de mener cette transition ».

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Deuxième point abordé par le sommet : le retrait des troupes sud-africaines de Centrafrique, réclamé par la Séléka depuis des mois. « Le président Zuma a décidé de retirer les forces sud-africaines qui sont à Bangui », a déclaré le président Déby. Ces troupes avaient subi les plus graves pertes enregistrées par Pretoria depuis 1994 : au moins 13 soldats tués lors de l’entrée des rebelles dans Bangui, le 24 mars.

Bozizé au Bénin

Jacob Zuma en personne a fait le déplacement de N’Djamena avec trois de ses ministres (Relations internationales et Coopération, Défense, Sécurité d’Etat), signe de l’importance de cette épineuse affaire pour l’Afrique du Sud. Un responsable de la Séléka, assure : « Les accords de Bozizé avec l’Afrique du sud n’étaient pas dans l’intérêt du pays, mais du maintien au pouvoir de Bozizé. Ils ont perdu militairement. Ils doivent s’en aller et oublier ».

Enfin s’est posée la question de l’exil de François Bozizé, réfugié au Cameroun. Les chefs d’Etat d’Afrique centrale ont appelé mercredi le président béninois Thomas Yayi Boni à accueillir l’ancien président centrafricain « en tant que frère ». Porto-Novo hésitait à lui offrir l’hospitalité en raison de déclarations de Bozizé hostiles à Idriss Déby Itno, qu’il considère comme responsable de sa chute.

(Avec AFP)

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