Sommet de la CEEAC : l’UA souhaite des élections en Centrafrique dans un délai d’un an
La réunion extraordinaire chefs d’État d’Afrique centrale consacrée à la Centrafrique s’est ouverte, mercredi 3 avril, à N’Djamena. Un grand oral pour Nicolas Tiangaye, le Premier ministre du nouvel homme fort de Centrafrique, Michel Djotodia.
C’est sans le nouvel homme fort du pays, Michel Djotodia, mais avec son Premier ministre Nicolas Tiangaye, que la réunion extraordinaire des chefs d’État de la Communauté économique des États d’Afrique centrale (CEEAC), consacrée à la Centrafrique, s’est ouverte mercredi 3 avril à N’Djamena. Dix jours à peine après la prise de pouvoir à Bangui par les rebelles de la Séléka, la présence d’un leader dont le régime n’est pas reconnu par la communauté internationale et le pays suspendu des instance de l’Union africaine, aurait sans doute fait tâche.
Convoqué par le dirigeant tchadien Idriss Deby Itno, qui préside l’instance régionale, le sommet a débuté par un huis clos. Ses acteurs : les présidents congolais, Denis Sassou Nguesso, béninois, Thomas Yayi Boni (non membre de la Ceeac), gabonais, Ali Bongo Ondimba et équato-guinéen, Téodoro Obiang Nguema, tous arrivés dans la matinée dans la capitale tchadienne.
Invité à se joindre aux discussions, le président sud-africain Jacob Zuma en personne a fait le déplacement avec trois de ses ministres (Relations internationales et Coopération, Défense, Sécurité d’État), signe de l’importance de cette épineuse affaire pour l’Afrique du Sud. Au moins 13 soldats sud-africains ont en effet été tués, le 24 mars, par la rébellion qui faisait alors son entrée dans Bangui, quelques heures avant le renversement du régime de François Bozizé.
Côté centrafricain, l’ancien Premier ministre et opposant Martin Ziguélé, ainsi que le très médiatique porte-parole de la Séléka, Éric Massi, qui n’avait pas été convié aux Accords de Libreville en janvier, sont également présents.
Légitimer le nouveau régime
Au programme des discussions figure la délicate question de « l’habillage constitutionnel » qui devra donner un semblant de légitimité au nouveau régime centrafricain. La communauté internationale, à qui la Centrafrique a demandé une aide d’urgence, devrait presser Michel Djotodia d’exiger des garanties quant à son départ du pouvoir, annoncé pour 2016, voire devrait accélérer la transition censée mener à des élections libres et transparentes.
Un haut responsable de l’Union africaine (UA) a jugé que la Séléka devait organiser des élections dans un délai d’un an. « La transition ne doit pas durer trois ans, on doit faire une courte transition. Et les bonnes transitions sont celles qui ne durent pas », a déclaré à l’AFP le Commissaire à la paix et à la sécurité de l’UA, Ramtane Lamamra. Selon une source diplomatique, la mise en place d’« un Conseil national de transition dirigé par Michel Djotodia » pourrait redonner « un peu de légalité internationale » au nouveau régime.
Reste à savoir si Djotodia est prêt à faire des concessions. « Il ne faudrait pas qu’on [le] déshabille ou [l’] humilie. Il ne faut pas oublier qu’il y a 3 000 (rebelles de la coalition) Séléka en ville », relève une source proche du gouvernement.
Le sommet intervient alors que le rôle du Tchad dans la chute de François Bozizé semble se confirmer. Le président déchu a lui-même accusé mardi, sur BBC Afrique, N’Djamena de l’avoir lâché. Selon lui, des forces spéciales tchadiennes ont « mené l’opération du dimanche » 24 mars et « attaqué la base des Sud-Africains ».
(Avec AFP)
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