RDC : l’ONU vote le renforcement offensif de la Monusco pour « neutraliser » les milices de l’Est
Le Conseil de sécurité des Nations unies a approuvé, jeudi 28 mars, la création d’une « Brigade d’intervention » au sein de la Monusco, en République démocratique du Congo (RDC). Une rupture dans la doctrine de maintien de la paix, infléchie dans un sens plus offensif.
C’est un véritable tournant dans la doctrine du maintien de la paix de l’ONU. Le Conseil de sécurité de l’ONU a voté, jeudi 28 mars, le renforcement de la Monusco en République démocratique du Congo (RDC). Le texte présenté par la France prévoit la création d’une « Brigade d’intervention » capable de « mener des opérations offensives et ciblées », seule ou aux côtés de l’armée congolaise, pour « stopper le développement de tous les groupes armés, (les) neutraliser et les désarmer ». Jusqu’à présent, la principale mission de la Monusco était la protection des civils.
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« Le Conseil de sécurité et l’ONU s’engagent sur une voie inédite », a constaté l’ambassadeur britannique Mark Lyall Grant. C’est en effet la première fois que des Casques bleus seront dotés d’une réelle capacité offensive, surtout couplée avec l’utilisation – également une première – de drones pour surveiller les frontières de la RDC avec le Rwanda et l’Ouganda, deux pays accusés par des experts de l’ONU d’aider et d’équiper le M23, ce qu’ils démentent.
La nouvelle Brigade, composée de trois bataillons d’infanterie, d’une compagnie d’artillerie et d’une compagnie de reconnaissance et de « forces spéciales », est créée « pour une période initiale d’un an » et reste sous l’autorité du commandant en chef de la Monusco, indique la résolution. Basée à Goma, ses effectifs seront inclus dans l’effectif maximal autorisé de la Mission, soit 19 815 soldats.
Non ingérence
Selon le patron des opérations de maintien de la paix de l’ONU, Hervé Ladsous, elle comptera 3 069 hommes, venus d’Afrique du Sud, de Tanzanie et du Malawi, et sera opérationnelle d’ici juillet. L’ambassadeur français à l’ONU Gérard Araud a souligné qu’il s’agissait d’une « innovation » ré-pondant à une « demande expresse » des Africains, notamment de Kinshasa. La résolution « pro-pose une approche nouvelle et globale en vue de s’attaquer aux causes profondes de l’instabilité à l’est de la RDC », a réagi le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon.
« La RDC se réjouit de ce vote qui marque un tournant décisif pour le rétablissement de la paix et de la sécurité dans les Kivus », a réagi le Premier ministre congolais, Augustin Matata Ponyo. « Nous remercions également la communauté internationale, notamment la France et les États Unis, pour le soutien apporté à ce texte et au déploiement de la brigade d’intervention qui pourra imposer la paix. Une Monusco plus robuste, c’est le début de la fin des groupes armés et un signal très clair envoyé à ceux qui les soutenaient. Cette époque doit être révolue. »
Mais selon des diplomates, les pays du Conseil de sécurité qui ont des troupes dans la Mission (Guatemala, Pakistan) redoutent des représailles contre leurs Casques bleus, tandis que Russie et Chine soulèvent des objections de principe sur le thème de la non-ingérence.
(Avec AFP)
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