Fatou Bensouda : « Kenyatta doit se présenter devant la CPI »
Dans un entretien accordé à « Jeune Afrique » avant la présidentielle kényane, Fatou Bensouda, procureur de la Cour pénale internationale (CPI), estime que celui qui est devenu le nouveau chef de l’État du Kenya devra répondre de son inculpation pour crimes contre l’humanité par la CPI.
Jeune Afrique : Avez-vous des craintes que le président Kenyatta ne se présente pas à son procès devant la CPI ?
Fatou Bensouda : Il a dit plusieurs fois que meme s’il était élu président de son pays, il se présenterait devant la CPI pour la tenue de son procès [dont l’ouverture est programmée le 9 juillet 2013, NDLR]. Je n’ai pas de crainte particulière. Il doit se présenter. Et s’il ne le fait pas, nous demanderons l’émission d’un mandat d’arrêt à son encontre. Ma crainte actuelle est pour les témoins. Il y a beaucoup de pressions exercées sur eux. On les intimide, on les fragilise, on leur offre des pots de vins.
C’est la première fois, dans l’histoire de la justice internationale qu’un président en exercice est jugé. Permettrez-vous des aménagements pour qu’il puisse exercer son mandat électif ?
Les charges qui pèsent sur lui étaient les mêmes avant qu’il ne soit président. Il le sait. Comment gérer son pays et assister à son procès est une question à laquelle il a dû réfléchir. Quant aux aménagements possible des audiences, ce sera aux juges de la Cour d’en décider, conformément à nos statuts.
Son procès pourrait-il être délocalisé à Nairobi ou Arusha ?
Cela a été demandé. Toutes les parties ont donné leurs opinions sur la question. Les juges de la CPI ont également commandé une étude de faisabilité pour l’externalisation de ce procès. Au final, c’est à eux de prendre la décision.
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Propos recueillis par Pascal Airault
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