Algérie : création d’un syndicat d’imams pour contrer le salafisme

Les autorités algériennes ont récemment autorisé la création d’un syndicat d’imams des mosquées. Objectif ? Protéger la pratique religieuse en Algérie, où domine le malékisme, une école de l’islam sunnite, pour contrer l’influence d’autres courants, notamment salafistes.

Cheikh Djeloul Hadjimi, secrétaire général du syndicat d’imams, le 22 mars 2013. © AFP

Cheikh Djeloul Hadjimi, secrétaire général du syndicat d’imams, le 22 mars 2013. © AFP

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Publié le 26 mars 2013 Lecture : 2 minutes.

Pour contrecarrer les visées expansionnistes de certains salafistes, le régime algérien a autorisé, le 17 mars, la création d’un syndicat des imams.

Le cheikh Djeloul Hadjimi, prédicateur de la mosquée El Fodhil El Ouarthilani, à Alger, a été désigné secrétaire général de ce premier syndicat. D’après lui, sa corporation aura pour « mission de défendre les droits matériels et moraux des imams et de dresser un rempart contre les idées importées, salafiste ou autres ».

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« Nous avions créé en 1999 un premier syndicat, la Ligue algérienne des imams et des oulémas, mais nous n’avons pas eu d’agrément » à l’époque, se rappelle Djeloul Hadjimi. Le pouvoir craignait alors que les mosquées ne deviennent des arènes politiques avec une réédition du scénario du début des années 1990, quand le Front islamique du salut (FIS, dissous) avait pris le contrôle de la majorité des mosquées du pays.

« Nous avons attendu jusqu’en 2012 et décidé de créer un syndicat affilié à la centrale syndicale de l’Union générale des Travailleurs algériens » (UGTA, reconnu), précise le prédicateur. « Les Algériens observent le rite malékite. L’imam doit s’y conformer. Il n’a pas le droit de propager des idées venues d’ailleurs, salafistes, wahabbites ou chiites », estime-t-il.

Mieux protéger l’islam traditionnel

Le wahhabisme, islam ultra-rigoriste qui a donné naissance au salafisme, est pratiqué en Arabie saoudite. Le chiisme est, lui, dominant en Iran et Irak, tandis que le malékisme est très présent en Afrique du Nord.

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Les représentants du salafisme en Algérie se plaignent de ne pouvoir accéder aux tribunes des mosquées et exprimer leurs idées. Leurs imams « sont interdits de prêche dans les mosquées », affirme le responsable du « Front de l’Éveil libre » (salafiste), Abdelfettah Ziraoui Hamdache.

De nombreux imams contestent la référence au seul malékisme, un des quatre rites sunnites pratiqués en Algérie, et défendent le droit de prêche salafiste. « Nous sommes en faveur de fatwas préservant l’unité du pays même si elles sont en contradiction avec le rite malékite », estime ainsi cheikh Djamal Foughal, l’imam de la mosquée de Bachadjarrah, à Alger.

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Selon Djeloul Hadjimi, les affaires religieuses en Algérie emploient quelque 50 000 fonctionnaires, dont 30 000 imams répartis dans 20 000 mosquées. Le salaire des prédicateurs oscille entre 18 000 et 40 000 dinars (entre 180 et 400 euros). L’Algérie, pays de 37 millions d’habitants, est presque entièrement musulmane.

(Avec AFP)

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