Chine : Xi Jinping l’Africain
Moins de dix jours après sa nomination officielle au poste de président de la République populaire de Chine, Xi Jinping consacre au continent africain la majeure partie de sa première tournée à l’étranger, avec des visites en Tanzanie, en Afrique du Sud et au Congo-Brazzaville. Un signe fort envoyé à l’Afrique et au reste du monde.
Xi Jinping a décollé vendredi 22 mars pour son premier déplacement à l’étranger depuis son accession à la présidence de la République populaire de Chine, le 14 mars dernier. Après un passage par Moscou, le nouveau président résevera le reste de son voyage à l’Afrique. Du 24 au 30 mars, il se déplacera ainsi dans trois pays du continent : Tanzanie (les 24 et 25), Afrique du Sud (les 26 et 27), et Congo-Brazzaville (les 29 et 30).
Le point d’orgue de cette tournée africaine sera la participation de Xi Jinping au 5e sommet des chefs d’État des BRICS – l’organisation des grands pays émergents qui regroupe le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud -, les 26 et 27 mars à Durban, en Afrique du Sud. Le nouvel homme fort de Pékin devrait y rappeler la volonté chinoise de renforcement des relations bilatérales avec les pays en voie de développement.
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Le fait que Xi Jinping organise son premier déplacement officiel dans trois pays africains est un signal fort envoyé au continent et au reste du monde. Comme l’indiquait le vice-ministre chinois des Affaires étrangères, Zhai Jun, cette tournée est « très importante » sur le plan diplomatique. D’après lui, elle fait preuve « de la grande attention » du gouvernement chinois quant au développement des relations avec l’Afrique.
Continuité
Interrogée par Radio Chine internationale, He Wenping, directrice des études africaines à l’Académie des sciences sociales de Pékin, estime qu’il y a deux explications majeures au choix de Xi Jinping. La première est de montrer que « la Chine accorde une grande importance à l’Afrique, du fait que celle-ci est le continent où des pays en voie de développement sont le plus concentrés ». La seconde est d’exposer à l’Afrique et au monde « la continuité de la politique chinoise en Afrique ». Selon He Winping, la nouvelle équipe dirigeante chinoise veut continuer à entretenir des relations privilégiées avec les pays africains.
Deux jours avant son départ, Xi Jinping avait, lors d’une interview accordée à l’agence de presse Xinhua, abondé dans ce sens. « Quels que soient les changements de la situation internationale, la Chine continuera à soutenir et à promouvoir les efforts africains pour aboutir à la paix, à la stabilité, à la prospérité et au développement », avait-il déclaré. Pour lui, « la Chine et l’Afrique sont deux mondes en voie de développement qui partagent nombre d’intérêts communs » et qui « mènent une coopération globale mutuellement bénéfique. »
"Gagnant-gagnant" ?
En une quinzaine d’années, la Chine est devenue le premier partenaire économique du continent. Pékin mène de grands chantiers d’intégration dans de nombreux pays africains, comme l’autoroute Est-Ouest en Algérie ou les « Cinq chantiers » en République démocratique du Congo (RDC). Mais les Chinois tirent aussi de ces pays les ressources naturelles – pétrole, bois, mines… – qui leur permettent de faire tourner leurs usines. En Afrique, ce partenariat que l’Empire du Milieu présente comme « gagnant-gagnant » ne satisfait pas tout le monde. Lors du dernier forum Chine-Afrique, organisé en juillet 2012 à Pékin, le président sud-africain Jacob Zuma avait ainsi pointé du doigt un modèle qui « n’était pas soutenable à long terme » et appelé à un partage plus équilibré des richesses.
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Par Benjamin Roger
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