Centrafrique : les rebelles de la Séléka sont aux portes de Bangui

Les rebelles de la Séléka se sont emparés de Bossangoa et de Damara, cette ville étant le dernier verrou sur la route de Bangui, à 75 km au nord de la capitale. Le président Bozizé est revenu précipitamment d’un voyage en Afrique du Sud. Le Premier ministre Nicolas Tiangaye a été mis à l’abri par la Fomac et Paris a lancé un plan de sécurisation des ressortissants français.

Des rebelles du Séléka près de Darmara, le 10 janvier 2013. © AFP

Des rebelles du Séléka près de Darmara, le 10 janvier 2013. © AFP

Publié le 22 mars 2013 Lecture : 3 minutes.

Mis à jour à 18h00.

Les rebelles de la Séléka sont aux portes de Bangui. Après Bossangoa, c’est Damara, le dernier verrou à 75 km de la capitale centrafricaine qui est tombée, vendredi 22 mars. « Il y a eu des tirs sans faire de blessés, les rebelles ont forcé le barrage (de Damara) et sont passés » vers 12h00 locales (11h GMT), a expliqué un membre de la Force militaire des États d’Afrique centrale (Fomac), dont les hommes – des soldats tchadiens et gabonais – étaient pourtant positionnés sur ce barrage mais n’ont visiblement pas opposé grande résistance.

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« Nos troupes viennent de prendre Damara », a confirmé depuis Paris l’un des porte parole du Séléka, Eric Massi. « Nous appelons tout le monde, civils et militaires, au calme en attendant l’arrivée de nos troupes à Bangui, afin d’éviter des combats inutiles », a-t-il poursuivi alors que la panique s’emparait des rues de la capitale.

« Tout le monde rentre chez soi. Les élèves ont été libérés des cours, on va attendre. On est inquiets », témoignait une commerçante. Dans le même temps, au port de Bangui, des « centaines de gens » tentaient de traverser le fleuve Oubangui pour rallier la République démocratique du Congo (RDC) voisine à bord de pirogues.

Hélicoptères MI-24

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Selon Reuters, les rebelles seraient désormais à 20 km de Bangui. Mais un journaliste local a affirmé à Jeune Afrique que des combats avaient lieu avec les Faca à 55 km de la capitale. Le Premier ministre et ancien opposant de François Bozizé, Nicolas Tiangaye, a quant à lui été évacué par la Fomac dans son camp de M’Poko, dans la crainte de représailles de la part de partisans du régime. De son côté, Paris a à nouveau lancé un plan de sécurisation des ressortissants français sur place. Quelque 250 soldats français se trouvent actuellement à Bangui, dans la zone de l’aéroport, situé au nord de la ville.

Plusieurs barrages de l’armée (Faca) et de la gendarmerie centrafricaine sont installés sur la route menant de Damara à Bangui. Mais ces forces sont notoirement mal-équipées et peu efficaces, et avaient été balayées lors de la précédente offensive du Séléka en janvier plus au nord du pays.

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Le président Bozizé se trouvait quant à lui en Afrique du Sud, selon une source diplomatique, avant qu’il ne rentre précipitamment dans l’après-midi. Deux hélicoptères MI-24 de fabrication russe ont été envoyés contre la Séléka, entre Namara et Bangui. Des troupes sud-africaines, appelées précédemment par le chef de l’État dans le cadre d’un accord de défense, sont positionnées au nord de la capitale, près du « PK 12 » (point kilométrique 12), qui est la véritable porte d’entrée de la ville, mais aussi au niveau de l’aéroport, du Palais de la Renaissance et de la télévision nationale. Reste à savoir quelle sera l’attitude de ces troupes bien équipées face aux rebelles.

La fin des Accords de Libreville

La Fomac, constituée de Tchadiens, Gabonais, Camerounais et Congolais (Brazzaville) compte environ 500 soldats, contre près de 2 000 hommes pour la Séléka et quelque 400 soldats sud-africains.

Dimanche, la Séléka avait donné 72 heures au pouvoir pour respecter les accords de Libreville, signés le 11 janvier dernier, et d’autres revendications restées lettre-morte, selon elle. Cette attaque constituerait donc la fin desdits accords. Mercredi soir, le président Bozizé avait signé deux décrets portant sur ces revendications, et a notamment fait libérer « tous les prisonniers politiques et de guerre mentionnés dans les accords de Libreville ». Un geste jugé insuffisant par le colonel Djouma Narkoyo, importante figure de la rébellion.

Parmi les points d’achoppement figurent la libération de prisonniers politiques, la présence des troupes sud-africaines et ougandaises dans le pays et l’intégration des combattants Séléka dans l’armée.

(Avec AFP)

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