France : Nicolas Sarkozy mis en examen dans l’affaire Bettencourt
L’ancien président français Nicolas Sarkozy a été mis en examen, jeudi 21 mars, à Bordeaux, dans le cadre de l’affaire Bettencourt. Cette annonce surprise est un coup de massue pour l’UMP, qui ,déjà fragilisée par la crise de cet hiver, apparaît désemparée face au risque de disqualification de son champion dans la perspective de la présidentielle de 2017.
Il semblait soigneusement préparer son retour pour la présidentielle de 2017, mais devra désormais se consacrer à sa défense devant la justice française. Jeudi soir, l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy a été mis en examen à Bordeaux pour abus de faiblesse à l’encontre de l’héritière de l’Oréal, Liliane Bettencourt, au terme de cinq ans de procédure ayant troublé sa présidence et alors qu’il n’excluait plus un éventuel retour en politique.
Après plusieurs heures de confrontation avec des membres du personnel de Mme Bettencourt, au palais de Justice de Bordeaux, dans le cabinet du juge d’instruction Jean-Michel Gentil, « M. Nicolas Sarkozy, qui bénéficie de la présomption d’innocence, s’est vu notifier une mise en examen du chef d’abus de faiblesse commis en février 2007 et courant 2007 au préjudice de Mme Liliane Bettencourt Schuller », a annoncé le parquet de Bordeaux dans un communiqué.
Nicolas Sarkozy a été confronté à au moins quatre membres du personnel des Bettencourt, convoqués comme lui dans la plus grande discrétion pour vérifier si l’ancien chef de l’État s’était rendu une ou plusieurs fois chez la milliardaire pendant sa campagne pour l’élection présidentielle de 2007. D’après son avocat, Me Thierry Herzog, Nicolas Sarkozy n’a effectué qu’une « unique » visite chez les Bettencourt, en février 2007. Il a par ailleurs estimé que cette décision était « incohérente sur le plan juridique et injuste ».
Coup de théâtre
Le sens de la dramaturgie démontré par le juge Gentil depuis le début de cette affaire, dont il avait été saisi avec deux collègues en décembre 2010, après le dépaysement du dossier depuis Nanterre, pouvait laisser entrevoir pareil coup de théâtre, en point d’orgue de son instruction.
Plusieurs parties convenaient en effet, ces derniers jours, que l’instruction touchait à sa fin. L’une d’elles, généralement bien informée, avançait la date du 29 mars, dernier vendredi du mois, pour que le juge Gentil, qui a déjà postulé à d’autres fonctions dans d’autres tribunaux, transmette son travail au parquet de Bordeaux.
« Je ne crois pas au hasard de calendrier », a affirmé à l’AFP l’ancien ministre Laurent Wauquiez. Selon lui, cette mise en examen a été « annoncée dans des conditions juridiques plus que contestables sans que rien n’ait pu la laisser présager ». La réaction du vice-président de l’UMP est partagée par nombre de personnalités de droite, visiblement prises de court alors que le nouveau rendez-vous de Nicolas Sarkozy avec le juge Jean-Michel Gentil était resté secret.
Nouvelle donne pour l’UMP
« Je suis surpris ! », s’est ainsi exclamé son ancien collègue au gouvernement Benoist Apparu. Un autre ancien ministre, Thierry Mariani, député UMP des Français de l’étranger, s’est demandé « s’il n’y a pas un certain acharnement de certains juges sur certaines personnalités ». « Acharnement » : un mot que l’on retrouve dans la bouche de Geoffroy Didier, co-président du collectif de l’UMP « la droite forte » qui s’est dit « choqué ». Presque tous font le lien avec la situation de Jérôme Cahuzac, qui a démissionné après l’ouverture à son encontre d’une instruction judiciaire, en demandant à la gauche de respecter la « présomption d’innocence » de Nicolas Sarkozy, comme elle même le fait avec l’ancien ministre socialiste budget.
Pour la droite, c’est une nouvelle donne, même si une mise en examen ne signifie pas nécessairement renvoi en correctionnelle et encore moins condamnation. L’UMP se relève doucement de la crise qui a failli la faire imploser cet hiver, sans faire émerger, du moins pour le moment, une personnalité incontestable en vue de la prochaine présidentielle. La lutte acharnée que se sont livrée cet hiver Jean-François Copé, président de l’UMP, et l’ancien Premier ministre François Fillon, a fortement dégradé leur image. Dans ce contexte, les sympathisants de droite ont continué de plébisciter Nicolas Sarkozy, qui demeure, de sondage en sondage et dix mois après sa défaite, leur champion incontesté.
Mais l’avenir incertain de l’ancien chef de l’État est désormais le leur. D’autant que le calendrier judiciaire est loin de coller au calendrier politique. Les délais nécessaires aux appels et aux pourvois en cassation après la clôture d’un dossier par un juge ne permettent pas d’envisager un procès en première instance avant fin 2014. Ce procès, comme c’est souvent le cas dans les affaires politico-financières, sera vraisemblablement suivi d’un autre en appel, puis encore de nouveaux pourvois en cassation. Le tout mènera l’affaire pas très loin de la prochaine présidentielle… De quoi donner des sueurs froides aux partisans de Nicolas Sarkozy.
(Avec AFP)
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