Théâtre : le Festival d’Avignon met le cap sur l’Afrique

La prochaine édition du Festival d’Avignon fera la part belle aux créations du continent avec en figure de proue le Congolais Dieudonné Niangouna. Une première pour la plus importante manifestation théâtrale d’Europe.

Dieudonné Niangouna (à g.) et Stanislas Nordey, artiste associés de la 67e édition. © Christophe Raynaud de Lage

Dieudonné Niangouna (à g.) et Stanislas Nordey, artiste associés de la 67e édition. © Christophe Raynaud de Lage

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Publié le 20 mars 2013 Lecture : 3 minutes.

« C’est mon écriture qui m’a amené à Avignon », glisse dans un sourire enthousiaste Dieudonné Niangouna. Lors de la conférence de presse organisée le 19 mars au Théâtre de Gennevilliers (banlieue parisienne) pour présenter l’avant-programme du Festival d’Avignon qui aura lieu du 5 au 26 juillet, le dramaturge et acteur congolais assure le spectacle. Phrasé saccadé, verbe acéré, ce survivant des trois guerres civiles qui ont décimé son pays dans les années 1990 déborde d’un trop plein à extérioriser. Il a fait de son théâtre une urgence, celle d’assigner aux mots un rôle politique et libérateur, et de rappeler que l’art dramatique est le lieu de toutes les résistances et participe du jeu démocratique. « J’écris pour repousser à plus tard non pas la mort, mais la mort de la vie », tient-il à préciser.

Artiste associé aux côtés du metteur en scène Stanislas Nordey pour la préparation de cette 67e édition, Niangouna est un habitué de la cité des Papes. Il y a donné en 2007 Attitude Clando ! et, en 2009, Les Inepties volantes. Il revient cette année avec Shéda, un poème écrit pour 14 acteurs (de France, de Roumanie, du Congo et du Cameroun, entre autres). « Avec cette pièce, explique-t-il, j’ai voulu montrer comment l’homme peut trouver son humanité en éprouvant sa violence. » Avec Jean-Paul Delore, il donnera vie à un collage de textes d’auteurs-orfèvres comme le Mozambicain Mia Couto ou le Congolais Sony Labou Tansi (Sans doute).

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"L’Afrique qui avance et qui crée"

À la tête du festival depuis dix ans, Hortense Archambault et Vincent Baudrillier ont voulu faire la part belle à « l’Afrique qui avance et qui crée » et aux « artistes occidentaux en dialogue avec ce continent » à travers plus d’un tiers de la programmation. Une première pour une telle manifestation – la plus importante d’Europe – qui propose en moyenne chaque année près de 300 représentations en une vingtaine de lieux, vend entre 120 000 et 150 000 billets, et réunit plus de 450 journalistes et 3 500 professionnels du monde entier.

« Les artistes africains invités, pour la plupart trentenaires, précise Vincent Baudrillier, parlent souvent de la mort pour mieux parler de la vie. » Ainsi du talentueux touche à tout de Kisangani (République démocratique du Congo), Faustin Linyekula, qui avait déjà présenté Pour en finir avec Bérénice en 2010. Dans Drums and Digging, il s’interroge sur les raisons qu’il nous reste à espérer. Sur une chorégraphie explosive, le Congolais DeLaVallet Bidiefono évoquera la tragédie de Mpila (Au-delà), tandis que le chorégraphe nigérian Qudus Onikeku proposera une réflexion sur la filiation, l’héritage (Qaddish).

La mort

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La mort toujours avec les exterminations coloniales évoquées par le Sud-Africain Brett Bailey (Exhibit B) et le génocide rwandais abordé à travers l’oeuvre maléfique de la tristement célèbre radio des Mille Collines (Hate Radio, du Suisse Milo Rau, avec notamment Diogène Ntarindwa). Autre théâtre documentaire, Lagos Business Angels de Rimini Protokoll dessinera les diverses facettes du monde du commerce dans la capitale nigériane.

Alors que le Burkinabé Aristide Tarnagda fera monter sur scène deux rappeurs du groupe Faso Kombat (Et si je les tuais tous madame ?), les Allemands Monica Gintersdorfer et Knut Klassen investiront le coupé-décalé des boîtes de nuit abidjanaises (Logobi 05, La Jet Set) et reviendront sur les dernières élections présidentielles ivoiriennes (La Fin du western).

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Mais Avignon n’est pas que théâtre et aime inviter d’autres formes artistiques. Cette année Philippe Ducros proposera un « déambulatoire théâtral et photographique » entre Montréal, Lomé, Kinshasa et Goma (La Porte du non-retour) et le kinois Kiripi Katembo Siku exposera ses clichés jouant sur la présence et l’absence (Yango), une dualité dont tous les festivaliers auront un aperçu à travers l’une de ses photographies retenue pour illustrer la communication de cette édition qui s’annonce très riche.

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 – Site du Festival d’Avignon

 

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