RDC – Moïse Katumbi : « Je ne nourris aucune ambition politique »
Moïse Katumbi, gouverneur de la riche province congolaise du Katanga, est un personnage atypique qui ne laisse personne indifférent. Métis, industriel prospère, président d’un des meilleurs clubs de football du continent (le fameux TP Mazembe), il assure à « Jeune Afrique » n’avoir aucune ambition politique au niveau national. Une interview à retrouver dans le J.A. n° 2723, en kiosques du 17 au 23 mars.
La situation du Katanga et de la RDC, ses ambitions personnelles, sa réputation populiste ou sa grande passion, le football, et le club qu’il dirige, le TP Mazembe… Dans le n° 2723 de Jeune Afrique, le gouverneur du Katanga, la plus riche province de RDC, depuis 2007, Moïse Katumbi se livre.
Interrogé sur la possibilité de se représenter pour un deuxième mandat « Moïse », comme l’appellent les Katangais, est sans équivoque : « Je l’ai toujours dit (…), je suis opérateur économique, je ne nourris aucune ambition politique. Ce que j’ai fait pour la province, d’autres pourront très bien le faire après moi. Je serai candidat à la députation provinciale, c’est tout. »
S’il ne souhaite pas se représenter, Katumbi n’en défend pas moins âprement les intérêts de sa province et l’autonomie de celle-ci, en se gardant bien de dériver vers le fédéralisme. Selon la Constitution de 2006, 40% des recettes des provinces doivent leur revenir directement. Mais cette mesure n’est toujours pas effective. Exaspéré, le gouverneur indique qu’« il s’agit d’un double problème : d’abord de légalité, ensuite d’équité. Que l’on gère bien ou non notre province ne change rien. (…) Je tiens beaucoup à l’application de cette mesure et je ne baisserai pas les bras ».
Image de populiste
Riche, populaire, patron d’un club de football performant, Moïse Katumbi est comparé à un Silvio Berlusconi congolais. Le cinéaste belge, Thierry Michel, vient de lui consacrer son dernier film, L’irrésistible ascension. Le portrait d’un homme dynamique quand il s’agit de redresser sa province, mais également celui d’un populiste qui multiplie abus de pouvoir et conflits d’intérêts… Katumbi qui a « beaucoup de respect » pour ce film, le considère néanmoins comme un « documentaire à charge », contenant « une série de contrevérités ou des raccourcis. »
« On y présente des images de 2005-2007, avant que je ne devienne gouverneur donc, comme si cela venait de se produire. C’est étonnant », relève-t-il notamment. Et de préciser : « Prenons l’exemple du football, présenté comme un tremplin politique. Je suis président d’un club depuis mes 18 ans. J’en ai 48 aujourd’hui. Vous pensez sincèrement que j’aurais fait cela, à cet âge-là, pour préparer une éventuelle carrière politique ? Ou alors je suis un véritable stratège, un génie même ! »
Gagner contre le Barça !
« Thierry Michel me prête des liens avec des sociétés avec lesquelles je n’ai jamais travaillé, poursuit Katumbi. Il confond dates et contenu de rencontres (…) Je crains qu’il ait été manipulé et qu’il n’ait pas vérifié ses informations. » Concernant les ambitions présidentielles qui lui sont prêtées, alors que le mandat de Joseph Kabila – le dernier selon la Constitution – se terminera en 2016, Katumbi est clair : « On l’a dit en 2006, alors que je soutenais déjà l’actuel président, pour 2011. (…) Je vous le répète : je n’ai pas d’ambitions politiques ». (…) À l’issue de mon mandat, je retournerai à mon métier d’homme d’affaires et de gestionnaire de club de football. »
Sa relation avec l’actuel président ? « Je le connais depuis que je suis rentré d’exil, en 2003 », une relation « qui a toujours été empreinte de confiance. (…) Je rassure tous ceux qui s’inquiètent, ou qui aimeraient nous opposer : c’est toujours le cas ». Et quand on lui demande si son rêve le plus fou est de gagner la Coupe du monde des clubs en finale face au FC Barcelone par 3 buts à 0, d’être élu président de la République ou de signer le plus gros contrat minier jamais enregistré en Afrique, Katumbi rigole et répond : « Sans hésitation, battre le grand FC Barcelone ! »
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