Centrafrique : le coup de force de la Séléka

Des éléments de la Séléka basés à Sibut retiennent, depuis le dimanche 17 mars, cinq ministres issus de leurs rangs. Les rebelles ont fixé un ultimatum de trois jours au gouvernement pour qu’il accède à leurs exigences.

Des rebelles du Séléka près de Darmara, le 10 janvier 2013. © AFP

Des rebelles du Séléka près de Darmara, le 10 janvier 2013. © AFP

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Publié le 18 mars 2013 Lecture : 2 minutes.

Dimanche 17 mars à 09H00, une délégation gouvernementale quitte Bangui pour Sibut. Objectif : discuter du processus de paix et des conditions de désarmement et de démobilisation des rebelles de la coalion Séléka. Elle est composée du général Léon Essongo, représentant du Congolais Denis Sassou Nguesso (médiateur de la crise), des cinq ministres de la rébellion membres du gouvernement, de Léon Dibère (ministre de l’Administration du territoire), et du directeur de la police. Deux membres de la mission de l’Union européenne en Centrafrique, ainsi que des journalistes font également partie du voyage.

La délégation arrive à Sibut à 13H00. Cette localité située à 187 km de Bangui fait désormais office de quartier général rebelle. Près de 2 000 hommes y sont cantonnés. La discussion s’engage. Pour la plupart, les chefs militaires de la Séléka s’expriment en Sango (langue locale). C’est le général Mohamed Dhafanne, ministre des Forêts, qui fait office de traducteur auprès du médiateur et du personnel de la mission de l’UE.

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Après deux heures de négociations, les rebelles décident de retenir les cinq ministres issus de leur rang. Le reste de la délégation repartant vers Bangui à 16H30. Parmi les ministres figurent les plus importantes personnalités de la Séléka : son président et actuel vice-Premier ministre, Michel Djotodia, Mohamed Dhaffane, ou encore le ministre de la Communication Christophe Ghazam Betty.

« Ce sont les éléments de la Séléka qui ont décidé : ils veulent que le chef de l’État respecte les termes de l’accord signé à Libreville », a réagi sur RFI, Michel Djotodia.

« Nous avons exigé du gouvernement qu’il applique les accords de Libreville. Mais il ne semble pas nous écouter (. . . ) », a déclaré à l’AFP une figure de la rébellion, le colonel Djouma Narkoyo. « Nous donnons 72 heures au gouvernement pour répondre à ces exigences, sinon la Séléka va reprendre les hostilités », a-t-il mis en garde.

« En plus de nos exigences, nous avons retenu les cinq ministres pour protester contre le langage dégradant tenu à la radio nationale par le président de la République à l’encontre de la Séléka, qui démontre sa volonté de ne pas aller à la paix », a par ailleurs ajouté le colonel Narkoyo.

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Les revendications de la Séléka :

  • Le suivi des accords de Libreville
  • le retrait des troupes sud-africaines présentes en République centrafricaine
  • la protection des habitants des zones occupées par Séléka « qui sont à chaque massacrés par les forces gouvernementales lorsqu’ils sortent »
  • la reconsidération des postes ministériels pour la Séléka
  • le démantèlement des barrières de COCORA et  la suppression de toutes les milices pro-gouvernementales
  • la libération de tous les prisonniers politiques
  • le paiement des primes aux ex-libérateurs qui ont conduit Bozizé au pouvoir en 2003
  • la reconnaissance officielle par décret présidentiel des galons des rebelles et l’intégration immédiate de plus de 2 000 rebelles dans les rangs des forces armées centrafricaines « pour assurer la sécurité de leur parent et leurs chefs ».

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Par Vincent Duhem

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