Algérie : cinq danseurs du Ballet national obtiennent l’asile politique au Canada
Sur les sept danseurs du Ballet algérien qui avaient décidé de rester au Canada après une représentation en novembre 2010, cinq viennent d’y obtenir l’asile politique. Une décision qui risque de ne pas beaucoup plaire du côté d’Alger.
Cinq danseurs du Ballet national algérien qui avaient fugué en novembre 2010 lors d’une tournée à Montréal ont récemment obtenu l’asile politique au Canada auprès de la Commission de l’immigration et de la protection des réfugiés, a appris Jeune Afrique auprès de leur avocat Stéphane Handfield.
« Les cinq danseurs qui ont été entendus séparément par les juges du tribunal entre 2012 et début 2013 ont fait valoir des risques qui pèsent sur leurs personnes s’ils venaient à rentrer en Algérie, explique Me Hanfield, joint par téléphone. Les membres de la Commission ont donc été sensibles à leurs arguments et justifié leur décision par deux motifs, à savoir les menaces islamistes proférées contre ces artistes et la crainte de représailles de la part des autorités algériennes. »
Crainte d’expulsion
Un sixième membre du Ballet qui a vu sa demande refusée par la même commission pour des « raisons techniques » craint d’être expulsé vers son pays d’origine. « Nous avons déposé un recours auprès de la Cour fédérale du Canada pour lui obtenir le même statut que ses camarades de la troupe », précise l’avocat qui officie dans le cabinet Lapointe et Associés basé à Montréal. Un septième danseur attend d’être convoqué dans les prochaines semaines devant le tribunal de la commission qui statuera sur son cas.
Stéphane Handfield n’a pas souhaité révéler l’identité des danseurs qui refusent de témoigner « parce qu’ils ont peur pour leurs personnes et pour leurs familles restées en Algérie ». Partis au Canada en novembre 2010 pour y donner des représentations dans le cadre de la commémoration du 1er novembre 1954, neufs danseurs, sept garçons et deux filles, ont décidé de faire la belle en s’éclipsant de l’aéroport de Montréal alors qu’ils s’apprêtaient à prendre l’avion pour regagner Alger.
Tempête médiatique
Si deux sociétaires du Ballet ont fini par rentrer au bercail, sept autres ont décidé de rester dans cette contrée d’Amérique du Nord où vivent plus de 50 000 ressortissants algériens. Père d’une fillette de 4 ans, Tarek, aujourd’hui âgé de 31 ans, expliquait en novembre 2010 au site DNA-Algérie les raisons de sa fugue. « J’en ai marre d’être logé chez mes parents, marre de demander, encore à 29 ans, à mon père de m’aider pour boucler les fins de mois. Je sais que c’est une aventure périlleuse, que je risque de tout perdre en cas d’échec, mais je sais aussi que si je réussissais ici (à Montréal, NDLR), je pourrais prétendre à une vie mille fois mieux que celle laissée en Algérie. »
À l’époque, cette défection – qui rappelle celle de plusieurs karatékas algériens qui ont filé en douce à Montréal lors d’une compétition officielle en 2007 – avait provoqué une tempête médiatique en Algérie. L’ex-directrice du Ballet national avait menacé dans un journal local les fugueurs de poursuites judiciaires alors qu’un diplomate en poste au Canada aurait juré de les ramener « menottes » aux poignets. Des prises de position qui ont lourdement pesé dans la balance lorsque les juges de la Commission ont dû décider si ces Algériens pouvaient vivre au Canada ou devaient en être expulsés.
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