Un mineur algérien accusé d’agression sexuelle est incarcéré au Maroc

Champion d’Afrique d’optimiste, Islam Khoualid, 14 ans, aurait agressé sexuellement un jeune athlète marocain lors d’un stage à Agadir en février. L’audience prévue ce mardi 12 mars a été reportée d’une semaine.

Agadir est réputé pour être un haut lieu du tourisme sexuel au Maroc. © Abdelhak Senna/AFP

Agadir est réputé pour être un haut lieu du tourisme sexuel au Maroc. © Abdelhak Senna/AFP

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Publié le 12 mars 2013 Lecture : 2 minutes.

Agression sexuelle ou pas ? L’affaire du jeune athlète marocain présumé victime d’abus sexuels de la part d’un adolescent algérien à Agadir (Maroc) prend des proportions inattendues. Le report de l’audience, ce mardi 12 mars, à mardi prochain par le tribunal des mineurs de la ville fournira certainement l’occasion aux médias des deux pays d’écrire une nouvelle page des tumultueuses relations entre le Maroc et l’Algérie.

Tout commence lors d’un stage organisé début février pour les jeunes champions de la voile maghrébine. À Agadir, Marocains, Tunisiens et Algériens se côtoient et s’affrontent dans une ambiance bon enfant. Mais le mercredi 13 février, l’un des participants, Ryad*, 12 ans, contacte son père, officier des Forces armées royales (FAR) à la retraite ; il lui explique avoir été agressé sexuellement par deux Algériens, deux jours plus tôt, dans une chambre de l’hôtel Marhaba.

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Aussitôt, l’ex-officier des FAR alerte la police locale et prend la route vers Agadir pour rejoindre son fils. Les forces de l’ordre se rendent au Marhaba pour interpeller Islam Khoualid, 14 ans, champion d’Afrique d’optimiste, originaire d’Alger, avant de l’interroger pendant une journée au commissariat. Dépôt de plainte, visite chez le médecin, rendez-vous chez le pédopsychiatre… Sur réquisition du procureur du roi, un juge d’instruction ordonne la mise sous mandat de dépôt, dans un centre de détention pour mineurs d’Agadir, du jeune Algérien avant de l’inculper pour « agression sexuelle ».

"Tout ce que je voulais"

L’affaire s’emballe d’autant plus vite que, des deux côtés de la frontière, des associations se mobilisent. L’organisation marocaine « Touche pas à mon enfant » se constitue partie civile, alors que la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH) s’émeut de l’incarcération d’Islam et dénonce une violation des conventions internationales sur les droits de l’homme.

Alertée par la famille Khoualid et par les responsables de la Fédération algérienne de voile, l’ambassade d’Algérie au Maroc dépêche une avocate en attendant que trois de ses confrères arrivent d’Alger pour plaider le dossier. « L’avocate m’a dit que l’ambassade serait prête à me donner tout ce que je voulais si je retirais ma plainte, raconte à Jeune Afrique le père de Ryad, joint par téléphone. J’ai refusé, car la douleur de mon fils et l’honneur de la famille ne se marchandent pas. Ryad a repris l’école mais il est aujourd’hui suivi par un psychiatre qui a diagnostiqué chez lui un stress très aigu. »

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Pour les avocats d’Islam Khoualid, le dossier d’accusation est tout simplement vide. « Le certificat médical atteste que la victime présumée n’a pas été agressée sexuellement », affirme à Jeune Afrique Me Fouad Ghoulemallah, qui refuse de donner davantage de détails sur les faits. Incarcéré depuis un mois, le jeune Algérien « se porte bien, mais [est] atteint psychologiquement ». Selon son avocat, il risque, en cas de condamnation, d’écoper de la moitié de la peine encourue par un majeur, qui est de cinq à vingt ans de réclusion.

* Le prénom a été modifié à la demande du père.

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