Tunisie : deux jeunes emprisonnés suite à un clip de rap
Deux jeunes, un homme et une femme ayant participé à la réalisation d’un clip du rappeur Wekld El 15, lui-même recherché par la police, ont été placés en détention par la justice tunisienne, lundi 11 mars. Ils sont poursuivis pour calomnie et rébellion contre les fonctionnaires.
Casquette vissée, jeans, baskets et doudoune noire brillante, Alaa Yacoubi – alias Wekld El 15 -, n’a rien d’un « fils à papa ». Dans son clip vidéo intitulé « Boulicia Kleb » (« les policiers sont des chiens »), il enchaîne rimes agressives et gestes provocateurs à l’encontre du pouvoir d’Ennahdha et de ses représentants. Lui est actuellement recherché par la police tunisienne. Quant au cadreur et à l’actrice du film, ils ont été placés en détention provisoire après avoir été arrêtés dimanche. Selon l’enquête policière, huit personnes sont impliquées dans la préparation et la diffusion du clip.
Dans un communiqué, le ministère de l’Intérieur tunisien justifie cette sévérité par le fait que le morceau litigieux « contient des expressions et des gestes contraires à la morale, injurieux et menaçants envers les agents de la sécurité et les magistrats ». Ce n’est pas la première fois que le rappeur est confronté à cette situation. Il avait déjà été arrêté et emprisonné en février 2012, selon le site tunisien d’actualité Mag14.com.
"Liberté d’expression"
Dans son dernier clip, apparaissent plusieurs fois des images des forces de l’ordre molestées par des manifestants. Et Yacoubi de lancer, entre autres : « Policiers, magistrats je suis venu pour vous dire une seule chose, vous êtes des chiens / Je vais égorger un policier à la place du mouton et encore / Donne-moi un revolver, je vais tirer sur eux. » L’incitation à la violence est plus que manifeste, reste à savoir si elle tombe sous le coup de la loi.
Selon Adel Riahi, le porte-parole du ministère de l’Intérieur, les jeunes arrêtés sont poursuivis dans le cadre des articles 121, 122 et 128 du code pénal qui répriment la calomnie et la rébellion contre les fonctionnaires et prévoient de peines pouvant atteindre 5 ans de prison.
Les détracteurs du gouvernement estiment quant à eux que la rigueur de la loi ne s’abat pas de la même façon contre les salafistes violents ou les policiers criminels. Et que le gouvernement islamiste instrumentalise la loi contre ses opposants. Dans une interview sur le blog Nawatt.org, Alaa Yacoubi a quant à lui expliqué sa démarche, souhaitant que « la police respecte le peuple et que ce soit réciproque ». Et de poursuivre : « J’ai cru qu’il y avait une liberté d’expression. Mais mes amis et moi nous avons été emprisonnés parce que nous faisons du rap ».
(Avec AFP)
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus
- Au Mali, le Premier ministre Choguel Maïga limogé après ses propos critiques contr...
- CAF : entre Patrice Motsepe et New World TV, un bras de fer à plusieurs millions d...
- Lutte antiterroriste en Côte d’Ivoire : avec qui Alassane Ouattara a-t-il passé de...
- Au Nigeria, la famille du tycoon Mohammed Indimi se déchire pour quelques centaine...
- Sexe, pouvoir et vidéos : de quoi l’affaire Baltasar est-elle le nom ?