Présidentielle kényane : Odinga choisit la Cour suprême pour contester sa défaite

Devancé par Uhuru Kenyatta lors de l’élection présidentielle kényane, le Premier ministre sortant, Raila Odinga, déposera un recours devant la Cour suprême, « probablement mercredi », a-t-on annoncé dans son camp, lundi 11 mars.

Raila Odingo, le 17 janvier 2011 à Abidjan. © AFP

Raila Odingo, le 17 janvier 2011 à Abidjan. © AFP

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Publié le 12 mars 2013 Lecture : 2 minutes.

Comme ce fut le cas au Ghana en novembre 2012, le candidat malheureux de l’élection présidentielle kényane a choisi le terrain juridique plutôt que celui de la rue pour contester le verdict des urnes. Le camp du Premier ministre sortant, Raila Odinga, crédité de 43,31% des voix, a annoncé, lundi 11 mars, son intention de déposer un recours devant la Cour suprême pour contester la victoire de son adversaire, Uhuru Kenyatta.

Odinga dispose de sept jours, à compter de la publication des résultats provisoires, pour officialiser cette requête. Selon une source dans son entourage, ce sera fait « probablement mercredi. » Sera posée « entre autres choses » la question de la participation massive à la présidentielle, bien supérieure à celle des autres élections organisées simultanément (Assemblée nationale, sénat, gouverneurs, représentants départementaux).

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Circonscriptions suspectes

Selon ce proche du Premier ministre sortant, la Cour suprême sera aussi saisie sur « la réduction et la hausse drastiques du nombre d’électeurs survenues dans certaines circonscriptions après la fin officielle de l’enregistrement des électeurs ». Le chef de la Cour suprême, Willy Mutunga, ancien militant respecté des droits de l’Homme, a le pouvoir d’ordonner un nouveau décompte, un nouveau vote, ou de rejeter le recours. « Nous allons écouter équitablement tous les dossiers qui nous sont soumis, » a affirmé celui-ci.

Le président élu ne pourra être officiellement investi qu’après le verdict de la cour, qui doit être rendu sous 14 jours. Cela n’a pas empêché Kenyatta d’endosser lundi son statut de chef d’État. « Le Kenya jouera son rôle légitime dans la région et le continent », a-t-il notamment lancé sur Twitter.

De fait, celui qui n’a été élu qu’avec 50,07% des suffrages a déjà reçu les félicitations de plusieurs pays ou institutions africains – Afrique du Sud, Somalie, Ouganda, Tanzanie, Union africaine notamment – et de la Chine. Pékin, à l’influence et au poids économique croissant au Kenya, « souhaite renforcer (sa) coopération avec le nouveau gouvernement », a déclaré la porte-parole des Affaires étrangères chinoises lundi.

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Inculpations par la CPI

Les puissances occidentales se sont en revanche pour l’instant bin gardées de féliciter officiellement Kenyatta, préférant saluer le comportement des Kényans pendant des élections qui sont restées pacifiques. Dernière en date, la France, qui a réitéré ce message lundi. Plusieurs diplomates ou responsables internationaux ont exprimé des doutes sur la capacité du duo Kenyatta-Ruto – tous deux inculpés devant la Cour pénale internationale (CPI) pour leur rôle présumé dans les violences qui avaient suivi la présidentielle de 2007 – à gérer le pays depuis la Haye.

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Lundi, la procureure de la CPI, Fatou Bensouda, a abandonné les charges contre un co-accusé de Uhuru Kenyatta – Francis Muthaura, ex-chef de cabinet de Mwai Kibaki – par manque de témoins. Le procès du président élu est en revanche toujours prévu pour le 9 juillet. Celui de son vice-président aura lieu le 28 mai. « Cette décision s’applique uniquement à M. Muthaura, et à aucune autre affaire », a précisé le procureur.

Mais le camp Kenyatta compte bien faire ce nouvel élément un argument pour l’abandon total des charges contre ses leaders. « Toute décision concernant la responsabilité des Muthaura aurait nécessairement un impact sur toute détermination de la responsabilité de Uhuru », avaient déclaré, vendredi, les avocats de la défense, Steven Kay et Gillian Higgins.

(Avec AFP)
 

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